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Calculette
Calculette
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Article de presse Echange avec le dominicain

Lun 21 Jan - 19:18
Bonjour Frère Antoine ,

Nous nous sommes rencontrés lors du Pacs de Marie-Ange et Sophie à la « ferme de Mezoutre ».
Je vous ai fait part de ma surprise et de mon ravissement d’entendre les applaudissements après la lecture de l’Evangile. Et plus tard, je vous ai demandé pendant le diner, l’auteur de la fameuse phrase « … l’avenir, nous le construisons » ( Je l’ai encore oublié  )

Vous m’aviez dit ce soir là, que vous pouviez transmettre par mail l’ensemble de vos interventions.
Je serais heureuse de les relire.
Si je les ai appréciées parce qu’elles véhiculaient l’Amour de Dieu, et la « valeur sacramentelle de tout Amour authentique », je me pose aussi beaucoup de questions délicates .

Je vous écris donc, pour vous demander si vous pourriez y répondre,
espérant toutefois que cela ne vous dérange pas.
(Je ne voudrais pas non plus trop abuser de votre temps. )

Cette cérémonie était à la fois émouvante et chaleureuse.
Pour ma part (et c’est vraiment personnel), j’ai regretté qu’il n’y ait ni « Je vous salues, Marie » ni « Notre Père » et que le nom de Dieu y soit quasi absent.
Quel sens donnez-vous à cette cérémonie ?

Vous nous avez dit « anticiper ce que l’Eglise engourdie finirait pas admettre ».
J’ai très peur que cette prise de position ne soit entendue comme : l’Eglise à tord : Jésus est Amour et elle n’a rien compris… Vivre ce message d'amour, en l'occurrence, cela implique de rompre avec l'église catholique, de rejeter son avis et son enseignement, et de faire le contraire de ce qu'elle dit…

Les dominicains seraient-ils unanimes sur votre façon d’approcher le sujet de l’union homosexuelle ?
Avez- vous pu parler à vos frères, de votre intention de préparer et bénir une union homosexuelle par une cérémonie ?
Ont-ils approuvé votre implication avec la préparation, l’animation liturgique, la bénédiction?
Bref, avez-vous l’aval de votre congrégation, de vos supérieurs, de votre évêque ?


Même si je me réjouis que Marie-Ange et Sophie aient reçu votre aide et votre soutien,
dans leurs démarches si peu « catholiques » 
je suis écartelée entre votre initiative et l’enseignement de l’Eglise…
Pouvez-vous m’aider à comprendre ?
Où est la Vérité finalement ?…
Si notre cœur et nos actes de catholiques contredisent notre Sainte Eglise, …alors que Jésus est Vérité et qu’Il est à la tête de son Eglise, je n’y vois pour l’instant, qu’une « sacrée » contradiction !

J’ai essayé de synthétiser au maximum. Aussi, pardonnez le caractère un peu direct de mes questions.
Votre innovation m’a amenée à beaucoup réfléchir et même, à échanger sur la primauté de la « Charité » ou du « Droit Canonique ».

Avec mon profond respect, mes cordiales salutations.
Que Dieu vous bénisse et vous garde dans la Paix et la Joie !

Véronique Farret.
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Article de presse Re: Echange avec le dominicain

Lun 21 Jan - 19:22

C'est avec attention que j'ai lu votre lettre. Marie-Ange se charge de communiquer à ceux qui étaient à Mézoutre les textes de mes interventions. Il est donc mieux que vous les receviez ainsi. Vous verrez au passage que le nom de Dieu que vous jugez quasi absent y est amplement présent.

Aux questions que vous vous posez, j'en retournerai une autre. Avez-vous senti passer dans ce moment vécu ensemble une inspiration de l'Évangile ? Si oui, alors nous avons atteint notre but – et vos autres questions sont relatives à celle-là.

Plus précisément, nous (c'est-à-dire Marie-Ange, Sophie et moi-même) n'entendions pas faire une célébration selon les rites prescrits dans l'Église, mais susciter quelque chose qui réponde à une situation non prévue par ces rites. Ainsi, s'il n'y avait pas de Notre Père, c'est qu'il ne convenait pas d'associer tous les participants, si divers, dans la prononciation d'une prière commune. Beaucoup se seraient alors sentis exclus.

Oui, j'ai pris la liberté de dire que nous anticipions ce que notre Église reconnaîtra bien un jour. Et aussi que ses autorités étaient, sur le point qui nous concernait engourdies dans des théories manifestement d'un autre âge. Parce que je le pense et que notre Église est un lieu de liberté où nous pouvons heureusement dire ce que nous pensons, en conscience. Si je m'en étais tenu aux règles aujourd'hui en vigueur, j'aurais refusé la demande que m'ont faite nos deux amies et rien ne se serait passé d'autre que la joyeuse fête de Mézoutre, sans nul appel à une transcendance, sans parole qui révélait que l'amour que nous célébrions nous emportait au delà de ce qui s'en voit ou s'en dit au premier regard.

Je crois qu'il était plus évangélique de faire ce que nous avons fait – les réactions de vous-même comme de beaucoup d'autres me le confirment – que de ne rien faire. La déception de nos deux amies si leur demande s'était heurtée à une porte fermée m'aurait pesé sur la conscience. C'est pour cela qu'il fallait "anticiper".

Non pour dire que l'Église n'a rien compris et qu'il faudrait rompre avec elle, mais parce que c'est, en prise sur les réalités de notre temps, que l'Église vit, et parfois change ses propos sur des points qui ne sont nullement essentiels.

Quand le projet de loi fut débattu en France, les évêques nous disaient que le PACS était une mauvaise chose. Je pense qu'ils se trompaient. A Mézoutre, un PACS nous a révélé sa beauté.

Les dominicains seraient-ils unanimes ? Sûrement pas ! La diversité existe parmi nous comme parmi les chrétiens. Je n'ai pas demandé d'autorisation à qui que ce soit, j'en ai parlé à plusieurs qui ont tous approuvé ce que nous avons fait ce jour-là. Car ils comprenaient que la réponse était positive à la première question que je vous posais.

Bref, ne vous sentez pas écartelée. Si vous avez apprécié ce que nous avons fait, que la paix soit dans votre cœur. Sur des questions comme celle-là, des autorités de l'Église peuvent ne pas voir ce qui est en jeu et nous sommes libres de poser des gestes de dés-accord. Heureusement que des positions qui paraissaient vraies à une époque n'ont plus paru telles à une autre. Voici peu de temps encore, un suicidé ne pouvait être enterré dans une église. J'ai récemment célébré les obsèques d'un pauvre garçon handicapé qui s'était supprimé, dans une église de village bondée de gens qui voulaient manifester leur soutien et souvent leur prière à sa maman. Ils n'auraient pu le faire dix ans plus tôt. Saint Paul admettait l'esclavage qui, alors, allait de soi. Des chrétiens, parmi d'autres, se sont battus pour qu'il disparaisse et ils ont largement gagné, Dieu soit loué. Tant d'autres exemples sont disponibles.

Quant à la contradiction entre la charité et le droit canonique, si elle surgit, elle est à résoudre toujours dans le même sens. Au nom même de la vérité de Jésus-Christ qui nous a laissé son "commandement", celui de l'amour : cela a priorité sur tout autre comportement. L'Église ensuite, comme toute société humaine, s'est inventé son droit. Mais un droit qui s'oppose à l'amour "authentique" n'est pas chrétien.

Vous ai-je convaincue ? je n'aurais pas cette prétention et je sais qu'il y a d'autres opinions que les miennes dans l'Église. Mais je vous invite à vivre dans la joyeuse liberté des enfants de Dieu, et je vous retourne la belle formule par laquelle vous terminez votre lettre : Que Dieu vous bénisse et vous garde dans la Paix et la Joie !

Bien fraternellement,
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