Nucléaire: Expertise contre les idées reçues
Mar 6 Déc - 19:27
Bruno Comby, ingénieur de l'Ecole Polytechinque et ingénieur en génie nucléaire de l'Ecole Nationale Supérieure de techniques
Avancées de Paris. Il est le Fondateur de l'Association des Ecologistes Pour le Nucléaire (AEPN). Alors que la France se pose la
question de la sortie du nucléaire, Bruno Comby avance l'idée d'une augmentation de la part du nucléaire.
Vous vous présentez comme un écologiste partisan du nucléaire, est-ce bien compatible ?
Bien sur ! L’AEPN , l'association que j'ai créé et qui regroupe aujourd'hui 10.000 membres et signataires dans 60 pays est
attachée au nucléaire, il n’y a aucun message caché ! Au contraire, c’est explicite : nous sommes des écologistes pro-nucléaire,
et il y en a beaucoup !
Nous sommes des écologistes, donc nous sommes favorables à la protection de l’environnement, à une exploitation sure, propre
et respectueuse de notre planète. Or, nous ne sommes pas dogmatiquement anti-nucléaire comme peuvent l’être d’autres
groupes écologistes. Nous pensons qu’il faut avoir une attitude ouverte face au progrès scientifique, l’accepter lorsqu’il est utile et
le rejeter lorsqu’il est nuisible.
S’agissant plus précisément du nucléaire, nous pensons que le nucléaire militaire n’est pas bon pour l’avenir de l’humanité. En
revanche le nucléaire civil, sous réserve qu’il soit propre et respectueux de l’environnement apporte une contribution utile. Nous
nous opposons donc à l’attitude dogmatique des écologistes anti-nucléaire qui ne veulent rien savoir alors qu’il n’y a pas que des
inconvénients au nucléaire, il y a également de grands avantages.
Justement, quels sont les avantages du nucléaire ?
Du point de vue de la protection de l’environnement, la grande différence du nucléaire par rapport aux énergies dominantes qui
sont utilisées aujourd’hui, à savoir, gaz , pétrole et charbon, c’est ce que j’appelle le 'facteur un million' : 1 g d’uranium produit
aujourd’hui autant d’énergie qu’1 tonne de pétrole. Un gramme pour une tonne, c’est donc un rapport d’un million.
Sur le plan environnemental, cela signifie que la cicatrice que nous allons infliger à la planète est un million de fois plus faible.
Avec ce facteur un million, on commence donc à se rapprocher d’une industrie qui ne manipule pas grand-chose.
A l’autre bout de la chaine, il reste bien évidemment des résidus transformés de la matière première. Mais on se situe alors sur la
même échelle. Comme on avait un million de fois moins de matière, on a aussi un million de fois moins de déchets. Ce n’est pas
une industrie ‘zéro déchet’, mais quasiment.
Même si le nucléaire produit moins de déchets qu’une autre source d’énergie, ces déchets sont toutefois plus dangereux du fait
de leur radioactivité ?
Votre question traduit bien l’attitude dogmatique dans laquelle on est enserré lorsque l’on évoque les déchets nucléaires. On
parle de la question des déchets comme s’il n’y avait pas de solution. On utilise même le plus souvent le terme de ‘problème des
déchets’ alors que non seulement il existe une solution aux déchets nucléaires, mais il en existe plusieurs.
Tout d’abord on peut retraiter ces déchets nucléaires, et ce n’est pas un plan sur la comète d’un savant fou ! C’est une chose
que se fait déjà de manière quotidienne, industrielle, parfaitement sure et propre. Il se trouve que la France est en pointe dans ce
domaine, et l’objet même de l’usine de La Hague est le recyclage et le retraitement des matières nucléaires.
Lorsque l’on sort le combustible usé du réacteur, il contient encore 96% d’uranium imbrulé, 1% de plutonium et 3% d’un cocktail
de substances diverses dont on ne connait pas encore d’utilisation possible. Au lieu de faire comme les Américains ou les
Finlandais, et mettre à la poubelle l’ensemble de ces déchets, c’est un concept hautement écologique que de retraiter et recycler
les déchets pour séparer la partie réutilisable, à savoir les 96% d’uranium et le 1% de plutonium. Il ne reste donc que 3%. On a
donc divisé par trente la quantité de déchets, sachant qu’il y en avait déjà un million de fois moins que les énergies concurrentes.
Ces déchets ne sont par ailleurs pas rejetés ou introduits dans les écosystèmes, ce qui pourrait avoir des effets malheureux. Ils
sont soigneusement isolés des écosystèmes et confinés avec un nouvel avantage : par définition, ils sont auto-biodégradables.
Ils se décomposent spontanément avec le temps.
Mais cela prend beaucoup, beaucoup de temps ?
Il y a deux sortes de déchets : ceux qui se décomposent rapidement et ceux qui le font lentement. S’agissant de ceux qui se
décomposent vite, ce n’est pas un problème puisqu’ils ne sont rapidement plus là. Maintenant, pour ceux qui durent plus
longtemps, comme l’uranium dont la durée de vie est de 750 millions d’années pour l’uranium 235 et trois milliards d’années pour
le 238, il n’est quasiment pas radioactif. Il émet en effet très peu et il n’est donc pas dangereux. On se situe dans des ordres de
grandeur de radioactivité naturelle, qui n’est pas dangereuse.
Le ‘problème des déchets’ n’est donc pas du tout un problème. En revanche, certaines organisations anti-nucléaire font un peu le
mélange entre les deux catégories. Les déchets sont fortement radioactifs lorsque le combustible sort de la centrale, c’est vrai.
Mais, ceux qui durent ne sont pas fortement radioactifs. On nous dit que les déchets sont extrêmement radioactifs et durent très
longtemps mais cela est faux. La radioactivité décroit de manière exponentielle. Il n’y a donc qu’au début que cela représente un
danger.
On a évoqué le début du cycle, la fin, et au milieu ?
Le nucléaire présente l’énorme avantage de ne pas rejeter de CO2, et ne contribue donc pas au réchauffement climatique.
Vous prônez une « nouvelle écologie », de quoi s'agit-il ?
Il existe une vieille vision de l’écologie, maintenant un peu dépassée, qui consiste à s’opposer de manière systématique à tout de
manière générale et au nucléaire en particulier, symbole de la contestation permanente. Or, il existe désormais une nouvelle
écologie, que je qualifie d’écologie intelligente, raisonnée et raisonnable, qui étudie le problème au lieu de faire des jugements
lapidaires sans connaitre le sujet.
Dans cette écologie, on retrouve de très grands noms de l’écologie « historique ». Un des co-fondateurs de Greenpeace en
1971, Patrick Moore, fait partie de notre association, AEPN. Il était directeur international de l’organisation écologiste pendant une
dizaine d’années, puis était président-fondateur de Greenpeace Canada pendant 16 ans. On ne peut donc pas le taxer de ne
pas présenter de CV écologique ! Il a quitté Greenpeace après un désaccord fondamental, notamment sur la question du
nucléaire. Il considère que Greenpeace se trompe sur ce sujet-là.
Nous comptons également parmi nous James Lovelock, le père de la théorie de Gaïa, qui définit la Terre comme un être vivant
capable de se réguler afin de maintenir à sa surface les conditions idéales pour la vie, et qui représente le ciment idéologique du
mouvement écologique né dans les années 60 et 70.
L’écologie occupe aujourd’hui le devant de la scène politique, comment vous positionnez-vous par rapport aux Verts ?
On se demande ce que l’écologie vient faire en politique. L’écologie, c’est avant tout une science. Peut-on imaginer un parti des
mathématiques ? Ou un mouvement des républicains favorables à la physique ? L’écologie n’est ni de gauche, ni de droite, c’est
une science qui mérite d’être étudiée dans les universités et qui n’a rien à faire en politique. C’est une anomalie qui j’espère sera
corrigée. Pour notre part, nous pratiquons une écologie scientifique, où la politique n’a pas sa place. A l’AEPN, nous veillons
soigneusement à ne pas être récupérés par qui que ce soit.
Quel avenir pour un mouvement comme le votre ?
Nous représentons la nouvelle tendance écologiste qui monte. Nous comptons de plus en plus de membres. Mais ce qui est
difficile, c’est justement de prévoir l’avenir. Est-ce que l’on va se politiser, j’en doute, ce serait contraire à tout ce que l’on a fait
jusqu’à maintenant. Alors, les partis d’écologie déjà politisés, pour l’instant strictement anti-nucléaire, vont-ils se prendre une
grosse claque politique et comprendre ensuite qu’ils ont été trop loin et accepter le nucléaire ? Ce serait plutôt une bonne
nouvelle.
Je pense que s’ils continuent de s’enfermer dans leur attitude dogmatique, complètement déconnectée de la réalité, ils vont finir
par disparaitre. Ce seront d'ailleurs peut-être les électeurs qui vont régler le problème. Quand tout le monde se rendra compte
que certains écologistes ne sont que des extrémistes incompétents, ils disparaitront alors de la scène.
Une des grandes questions qui inquiètent les électeurs est celle du coût d’une sortie du nucléaire…
Si l’on compare les tarifs de l’électricité en France et en Allemagne, puisque beaucoup d’écologistes nous présentent l’Allemagne
comme le pays à suivre, le citoyen français paie son électricité 12 centimes le KW/h et émet dans l’atmosphère environ 6 tonnes
de carbone par an. Un Allemand paie de son côté 23,6 centimes le KW/h, soit quasiment le double, et émet dans l’atmosphère
plus de 10 tonnes par an de CO2. Alors il est vrai qu’ils ont beaucoup plus d’éoliennes que nous, mais ce 'beaucoup' représente
un très faible pourcentage dans la production électrique finale. Et comme cela coute extrêmement cher à installer, ils complètent
avec quelque chose de vite fait et pas cher, le charbon.
Au final, les Allemands se retrouvent avec 10% d’électricité d’origine renouvelable, et le reste est assuré par le charbon ou les
exportations de gaz. Ils fonctionnent donc avec 10% de propre et 90% de sale, et nous, nous faisons l’inverse. Il faudrait donc
que les Allemands se dépêchent d’imiter le modèle français.
Dans les discussions auxquelles on assiste actuellement en vue de 2012, on retrouve toujours la même question, très incomplète,
qui est de savoir de combien il faut réduire la part du nucléaire en France. Suivant les opinions des uns et des autres, on en sort
complètement, on s’arrête à 50% ou on maintient ce que l’on a actuellement.
Vous voulez augmenter la part du nucléaire en France ?
Cette question n’est jamais posée, est-ce qu’on ne pourrait pas penser à augmenter la part du nucléaire en France ? En effet, en
même temps que l’on se pose toutes ces questions, arrivent en force les voitures électriques, qui présentent un avenir
intéressant d’un point de vue écologique, notamment dans le cadre de la lutte contre le CO2. Cela demandera donc plus
d’électricité, et donc plus de nucléaire, énergie totalement décarbonnée.
Pour conclure, je dirai que le phénomène que l’on rencontre en France est le même dans le monde entier. Il existe une espèce de
dictature intellectuelle qui fait que l’on n’a pas le droit de parler du nucléaire comme d’une énergie propre. Quand on en parle
c’est toujours du bout des lèvres. Or, la France est l'exemple type du fait que le nucléaire fonctionne et fonctionne même très
bien. Si l'on développe l'énergie d'origine hydraulique et que l'on porte à 85% la part du nucléaire, on serait alors la première
grande économie moderne à être totalement décarbonnée. Il suffirait d'une quinzaine de réacteurs supplémentaires et de cinq à
dix barrages pour y parvenir.
A l'AEPN, nous ne nous demandons pas quand devons-nous sortir du nucléaire, ni combien de réacteurs faut-il arrêter, mais
plutôt, de combien faut-il augmenter la production nucléaire en France pour faire face aux grands enjeux écologiques de l'avenir,
à savoir décarbonner notre économie.
http://www.enviro2b.com/2011/12/06/%C2%AB-il-faut-augmenter-la-part-du-nucleaire-en-france-%C2%BB/
Avancées de Paris. Il est le Fondateur de l'Association des Ecologistes Pour le Nucléaire (AEPN). Alors que la France se pose la
question de la sortie du nucléaire, Bruno Comby avance l'idée d'une augmentation de la part du nucléaire.
Vous vous présentez comme un écologiste partisan du nucléaire, est-ce bien compatible ?
Bien sur ! L’AEPN , l'association que j'ai créé et qui regroupe aujourd'hui 10.000 membres et signataires dans 60 pays est
attachée au nucléaire, il n’y a aucun message caché ! Au contraire, c’est explicite : nous sommes des écologistes pro-nucléaire,
et il y en a beaucoup !
Nous sommes des écologistes, donc nous sommes favorables à la protection de l’environnement, à une exploitation sure, propre
et respectueuse de notre planète. Or, nous ne sommes pas dogmatiquement anti-nucléaire comme peuvent l’être d’autres
groupes écologistes. Nous pensons qu’il faut avoir une attitude ouverte face au progrès scientifique, l’accepter lorsqu’il est utile et
le rejeter lorsqu’il est nuisible.
S’agissant plus précisément du nucléaire, nous pensons que le nucléaire militaire n’est pas bon pour l’avenir de l’humanité. En
revanche le nucléaire civil, sous réserve qu’il soit propre et respectueux de l’environnement apporte une contribution utile. Nous
nous opposons donc à l’attitude dogmatique des écologistes anti-nucléaire qui ne veulent rien savoir alors qu’il n’y a pas que des
inconvénients au nucléaire, il y a également de grands avantages.
Justement, quels sont les avantages du nucléaire ?
Du point de vue de la protection de l’environnement, la grande différence du nucléaire par rapport aux énergies dominantes qui
sont utilisées aujourd’hui, à savoir, gaz , pétrole et charbon, c’est ce que j’appelle le 'facteur un million' : 1 g d’uranium produit
aujourd’hui autant d’énergie qu’1 tonne de pétrole. Un gramme pour une tonne, c’est donc un rapport d’un million.
Sur le plan environnemental, cela signifie que la cicatrice que nous allons infliger à la planète est un million de fois plus faible.
Avec ce facteur un million, on commence donc à se rapprocher d’une industrie qui ne manipule pas grand-chose.
A l’autre bout de la chaine, il reste bien évidemment des résidus transformés de la matière première. Mais on se situe alors sur la
même échelle. Comme on avait un million de fois moins de matière, on a aussi un million de fois moins de déchets. Ce n’est pas
une industrie ‘zéro déchet’, mais quasiment.
Même si le nucléaire produit moins de déchets qu’une autre source d’énergie, ces déchets sont toutefois plus dangereux du fait
de leur radioactivité ?
Votre question traduit bien l’attitude dogmatique dans laquelle on est enserré lorsque l’on évoque les déchets nucléaires. On
parle de la question des déchets comme s’il n’y avait pas de solution. On utilise même le plus souvent le terme de ‘problème des
déchets’ alors que non seulement il existe une solution aux déchets nucléaires, mais il en existe plusieurs.
Tout d’abord on peut retraiter ces déchets nucléaires, et ce n’est pas un plan sur la comète d’un savant fou ! C’est une chose
que se fait déjà de manière quotidienne, industrielle, parfaitement sure et propre. Il se trouve que la France est en pointe dans ce
domaine, et l’objet même de l’usine de La Hague est le recyclage et le retraitement des matières nucléaires.
Lorsque l’on sort le combustible usé du réacteur, il contient encore 96% d’uranium imbrulé, 1% de plutonium et 3% d’un cocktail
de substances diverses dont on ne connait pas encore d’utilisation possible. Au lieu de faire comme les Américains ou les
Finlandais, et mettre à la poubelle l’ensemble de ces déchets, c’est un concept hautement écologique que de retraiter et recycler
les déchets pour séparer la partie réutilisable, à savoir les 96% d’uranium et le 1% de plutonium. Il ne reste donc que 3%. On a
donc divisé par trente la quantité de déchets, sachant qu’il y en avait déjà un million de fois moins que les énergies concurrentes.
Ces déchets ne sont par ailleurs pas rejetés ou introduits dans les écosystèmes, ce qui pourrait avoir des effets malheureux. Ils
sont soigneusement isolés des écosystèmes et confinés avec un nouvel avantage : par définition, ils sont auto-biodégradables.
Ils se décomposent spontanément avec le temps.
Mais cela prend beaucoup, beaucoup de temps ?
Il y a deux sortes de déchets : ceux qui se décomposent rapidement et ceux qui le font lentement. S’agissant de ceux qui se
décomposent vite, ce n’est pas un problème puisqu’ils ne sont rapidement plus là. Maintenant, pour ceux qui durent plus
longtemps, comme l’uranium dont la durée de vie est de 750 millions d’années pour l’uranium 235 et trois milliards d’années pour
le 238, il n’est quasiment pas radioactif. Il émet en effet très peu et il n’est donc pas dangereux. On se situe dans des ordres de
grandeur de radioactivité naturelle, qui n’est pas dangereuse.
Le ‘problème des déchets’ n’est donc pas du tout un problème. En revanche, certaines organisations anti-nucléaire font un peu le
mélange entre les deux catégories. Les déchets sont fortement radioactifs lorsque le combustible sort de la centrale, c’est vrai.
Mais, ceux qui durent ne sont pas fortement radioactifs. On nous dit que les déchets sont extrêmement radioactifs et durent très
longtemps mais cela est faux. La radioactivité décroit de manière exponentielle. Il n’y a donc qu’au début que cela représente un
danger.
On a évoqué le début du cycle, la fin, et au milieu ?
Le nucléaire présente l’énorme avantage de ne pas rejeter de CO2, et ne contribue donc pas au réchauffement climatique.
Vous prônez une « nouvelle écologie », de quoi s'agit-il ?
Il existe une vieille vision de l’écologie, maintenant un peu dépassée, qui consiste à s’opposer de manière systématique à tout de
manière générale et au nucléaire en particulier, symbole de la contestation permanente. Or, il existe désormais une nouvelle
écologie, que je qualifie d’écologie intelligente, raisonnée et raisonnable, qui étudie le problème au lieu de faire des jugements
lapidaires sans connaitre le sujet.
Dans cette écologie, on retrouve de très grands noms de l’écologie « historique ». Un des co-fondateurs de Greenpeace en
1971, Patrick Moore, fait partie de notre association, AEPN. Il était directeur international de l’organisation écologiste pendant une
dizaine d’années, puis était président-fondateur de Greenpeace Canada pendant 16 ans. On ne peut donc pas le taxer de ne
pas présenter de CV écologique ! Il a quitté Greenpeace après un désaccord fondamental, notamment sur la question du
nucléaire. Il considère que Greenpeace se trompe sur ce sujet-là.
Nous comptons également parmi nous James Lovelock, le père de la théorie de Gaïa, qui définit la Terre comme un être vivant
capable de se réguler afin de maintenir à sa surface les conditions idéales pour la vie, et qui représente le ciment idéologique du
mouvement écologique né dans les années 60 et 70.
L’écologie occupe aujourd’hui le devant de la scène politique, comment vous positionnez-vous par rapport aux Verts ?
On se demande ce que l’écologie vient faire en politique. L’écologie, c’est avant tout une science. Peut-on imaginer un parti des
mathématiques ? Ou un mouvement des républicains favorables à la physique ? L’écologie n’est ni de gauche, ni de droite, c’est
une science qui mérite d’être étudiée dans les universités et qui n’a rien à faire en politique. C’est une anomalie qui j’espère sera
corrigée. Pour notre part, nous pratiquons une écologie scientifique, où la politique n’a pas sa place. A l’AEPN, nous veillons
soigneusement à ne pas être récupérés par qui que ce soit.
Quel avenir pour un mouvement comme le votre ?
Nous représentons la nouvelle tendance écologiste qui monte. Nous comptons de plus en plus de membres. Mais ce qui est
difficile, c’est justement de prévoir l’avenir. Est-ce que l’on va se politiser, j’en doute, ce serait contraire à tout ce que l’on a fait
jusqu’à maintenant. Alors, les partis d’écologie déjà politisés, pour l’instant strictement anti-nucléaire, vont-ils se prendre une
grosse claque politique et comprendre ensuite qu’ils ont été trop loin et accepter le nucléaire ? Ce serait plutôt une bonne
nouvelle.
Je pense que s’ils continuent de s’enfermer dans leur attitude dogmatique, complètement déconnectée de la réalité, ils vont finir
par disparaitre. Ce seront d'ailleurs peut-être les électeurs qui vont régler le problème. Quand tout le monde se rendra compte
que certains écologistes ne sont que des extrémistes incompétents, ils disparaitront alors de la scène.
Une des grandes questions qui inquiètent les électeurs est celle du coût d’une sortie du nucléaire…
Si l’on compare les tarifs de l’électricité en France et en Allemagne, puisque beaucoup d’écologistes nous présentent l’Allemagne
comme le pays à suivre, le citoyen français paie son électricité 12 centimes le KW/h et émet dans l’atmosphère environ 6 tonnes
de carbone par an. Un Allemand paie de son côté 23,6 centimes le KW/h, soit quasiment le double, et émet dans l’atmosphère
plus de 10 tonnes par an de CO2. Alors il est vrai qu’ils ont beaucoup plus d’éoliennes que nous, mais ce 'beaucoup' représente
un très faible pourcentage dans la production électrique finale. Et comme cela coute extrêmement cher à installer, ils complètent
avec quelque chose de vite fait et pas cher, le charbon.
Au final, les Allemands se retrouvent avec 10% d’électricité d’origine renouvelable, et le reste est assuré par le charbon ou les
exportations de gaz. Ils fonctionnent donc avec 10% de propre et 90% de sale, et nous, nous faisons l’inverse. Il faudrait donc
que les Allemands se dépêchent d’imiter le modèle français.
Dans les discussions auxquelles on assiste actuellement en vue de 2012, on retrouve toujours la même question, très incomplète,
qui est de savoir de combien il faut réduire la part du nucléaire en France. Suivant les opinions des uns et des autres, on en sort
complètement, on s’arrête à 50% ou on maintient ce que l’on a actuellement.
Vous voulez augmenter la part du nucléaire en France ?
Cette question n’est jamais posée, est-ce qu’on ne pourrait pas penser à augmenter la part du nucléaire en France ? En effet, en
même temps que l’on se pose toutes ces questions, arrivent en force les voitures électriques, qui présentent un avenir
intéressant d’un point de vue écologique, notamment dans le cadre de la lutte contre le CO2. Cela demandera donc plus
d’électricité, et donc plus de nucléaire, énergie totalement décarbonnée.
Pour conclure, je dirai que le phénomène que l’on rencontre en France est le même dans le monde entier. Il existe une espèce de
dictature intellectuelle qui fait que l’on n’a pas le droit de parler du nucléaire comme d’une énergie propre. Quand on en parle
c’est toujours du bout des lèvres. Or, la France est l'exemple type du fait que le nucléaire fonctionne et fonctionne même très
bien. Si l'on développe l'énergie d'origine hydraulique et que l'on porte à 85% la part du nucléaire, on serait alors la première
grande économie moderne à être totalement décarbonnée. Il suffirait d'une quinzaine de réacteurs supplémentaires et de cinq à
dix barrages pour y parvenir.
A l'AEPN, nous ne nous demandons pas quand devons-nous sortir du nucléaire, ni combien de réacteurs faut-il arrêter, mais
plutôt, de combien faut-il augmenter la production nucléaire en France pour faire face aux grands enjeux écologiques de l'avenir,
à savoir décarbonner notre économie.
http://www.enviro2b.com/2011/12/06/%C2%AB-il-faut-augmenter-la-part-du-nucleaire-en-france-%C2%BB/
Re: Nucléaire: Expertise contre les idées reçues
Mer 7 Déc - 0:36
Pour bien connaître ce genre de discours, on sait reconnaître à la première lecture le laïus typique du X-Mines. C'est vrai qu'il y a pas mal de conneries, dont celle relative à la demi-vie des radio-éléments : une fois celle-ci atteinte ils ont perdu la moitié de leur radioactivité mais il reste l'autre moitié qui nécessitera une autre demi-vie pour diminuer de moitié et atteindre un quart de la radioactivité originale, etc. Ce qui donne en effet une décroissance exponentielle, mais négative (plus le temps passe plus le rythme diminue), alors que le phrasé utilisé ici laisse à penser que le rythme s'accélère comme dans l'acception populaire du terme (ce qui est du bourrage de mou de niveau 8 sur l'échelle de Frédéric Lefebvre). Donc quand j'entend ce genre de truc, je doute fortement de la compétence de celui qui le prononce, ça fait quand même partie du bagage mathématique le plus basique, niveau lycée. La radioactivité du plutonium étant extrêmement élevée et sa demi-vie étant de 24.000 ans, je doute que les humains qui vivront dans 24.000 ans (s'il en reste, vu notre propension à s'autodétruire) se consoleront de côtoyer une matière deux fois moins mortelle.
J'ajouterais une autre vérité arrangée par l'auteur à propos du "recyclage" des déchets. Tout d'abord il est vrai qu'on sait recycler le combustible nucléaire sous forme de MOX pour alimenter certains réacteurs. Mais l'auteur "oublie" de préciser que ce recyclage ne peut être fait qu'une seule fois : les combustibles recyclés génèrent des déchets ultimes. Le recyclage ne résout donc rien et permet seulement de décaler le problème dans le temps, en l'empirant puisque la dangerosité de ces déchets est encore plus élevée que pour le combustible classique : de 3% de déchets ultimes, le taux passe ainsi à 100% dès le deuxième cycle. Ensuite il "oublie" également de dire que plus de 90% des déchets ne sont pas recyclés mais entreposés à l'air libre à Tomsk Seversk en Sibérie. J'avais vu un reportage là-dessus, le directeur de la centrale disait que les Russes s'en foutaient de servir de poubelle vu qu'ils avaient de l'espace à ne savoir qu'en faire. Quant aux déchets restants, la France compte les enfouir dans le "laboratoire de stockage" (har har) de Bure, pour la bagatelle de 36 milliards d'euros.
Enfin l'auteur réussit l'exploit de présenter le nucléaire comme une technologie d'avenir sans jamais mentionner une seule fois la filière thorium. On sent que le gars baigne dans le milieu depuis trop longtemps. Rappelons que si on a privilégié l'uranium c'est pour des raisons militaires, puisqu'un sous-produit de la fission est le fameux plutonium dont on a besoin pour fabriquer des bombes. Tandis que le thorium a l' "inconvénient" de ne pas en produire. Et dans la liste des "inconvénients" du thorium, ajoutons qu'il nécessite une réaction entretenue, qui s'arrête donc automatiquement en cas de problème (aucun risque d'emballement ou de fusion), qu'il produit nettement moins de déchets et moins dangereux, qu'il est aussi abondant sur Terre que le plomb tandis que les réserves exploitables d'uranium sont estimées à moins d'un siècle au rythme actuel et que ce genre d'individu appelle à son développement, ce qui épuisera encore plus vite les réserves.
Terminons par un aspect souvent négligé : le moindre des réacteurs nucléaires nécessite une quantité d'eau équivalente à la consommation d'une ville comme Lyon pour ses turbines et son refroidissement, ce qui ne manquera pas d'intriguer les pays enclavés confrontés à des problèmes de sécheresse. Et on sait ce qu'il advient d'un réacteur qu'on échoue à refroidir.
Je remercie au passage Artragis d'avoir posté ce texte, loin de moi l'idée de l'accuser de relayer la propagande de l'industrie nucléaire, au contraire elle nous permet d'en débattre et de dénoncer les contre-vérités qui y sont égrenées. On voit ici que le lobby nucléaire est mal placé pour accuser le camp adverse d'amalgames, de malhonnêteté et de propagande quand il s'y livre avec encore plus de vigueur en usant à outrance de l'argument d'autorité. Ah, sinon au passage moi aussi je suis ingénieur diplômé des Mines. Qu'est-ce que ça apporte au débat ? Rien. Je vous laisse méditer là-dessus.Calculette a écrit:Si par honnêteté intellectuelle, vous voulez m'aider à vérifier l'authenticité de ce document, je vous en prie ne vous gênez pas ! :-)
L'honnêteté intellectuelle ne consiste pas à accepter aveuglément le discours qu'on veut bien entendre pourvu qu'il provienne d'une source labellisée, mais consiste au contraire à faire fonctionner son esprit critique en toute indépendance.
Re: Nucléaire: Expertise contre les idées reçues
Mer 7 Déc - 0:37
J'ai une question technique: tu parles de "la filière thorium"
Alors, j'imagine que le nucléaire est concerné par cette filière, non?
Et si c'est le cas, n'est ce pas un procès d'intention que tu lui fais en disant qu'il n'en parle pas?
Apparemment il se livre à travers cette interview à de la vulgarisation et non pas un cours destinés à des spécialistes.. Par conséquent, on peut considérer qu' il n'a pas jugé utile d'aborder le sujet...
Il y a des spécialistes qui sont POUR pour des tas de raisons et d'autres qui sont CONTRE pour des tas d'autres raisons. Ils sont tous " labellisés " comme tu dis, et pour moi cela veut juste dire qu'ils savent ce dont ils parlent mais en aucun cas qu'ils détiennent les uns ou les autres, la Vérité ...
Je pense que la Vérité, comme toujours, se situe à un point d'équilibre entre les différentes opinions, pour ou contre.
Actuellement, il n'y a aucune urgence à sortir brutalement du nucléaire et les conséquences économiques seraient dramatiques. De plus le CEA est un formidable laboratoire de recherche dans tous les domaines y compris ceux destinés la vie quotidienne ( 613 brevets déposés en 2010 )
Oui, le nucléaire est notre force actuellement !
Alors, j'imagine que le nucléaire est concerné par cette filière, non?
Et si c'est le cas, n'est ce pas un procès d'intention que tu lui fais en disant qu'il n'en parle pas?
Apparemment il se livre à travers cette interview à de la vulgarisation et non pas un cours destinés à des spécialistes.. Par conséquent, on peut considérer qu' il n'a pas jugé utile d'aborder le sujet...
Il y a des spécialistes qui sont POUR pour des tas de raisons et d'autres qui sont CONTRE pour des tas d'autres raisons. Ils sont tous " labellisés " comme tu dis, et pour moi cela veut juste dire qu'ils savent ce dont ils parlent mais en aucun cas qu'ils détiennent les uns ou les autres, la Vérité ...
Je pense que la Vérité, comme toujours, se situe à un point d'équilibre entre les différentes opinions, pour ou contre.
Actuellement, il n'y a aucune urgence à sortir brutalement du nucléaire et les conséquences économiques seraient dramatiques. De plus le CEA est un formidable laboratoire de recherche dans tous les domaines y compris ceux destinés la vie quotidienne ( 613 brevets déposés en 2010 )
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