- Soraya
- Nombre de messages : 8
Medhi, l'enfant et les médecins chrétiens sacrifiés sur l'autel de la superstition
Dim 3 Juil - 22:14
"Adieu Téhéran" par Soraya
Il fait presque chaud lorsque Nathalie se réveille, elle entend le bruit des tasses qui s'entrechoquent dans la cuisine, son mari prépare le petit déjeuner, elle s'enveloppe de sa robe de chambre, sort de sa chambre et se dirige vers la cuisine, par la fenêtre elle remarque ses voisins déjà en pleine discussion.
Kayvan en la voyant arriver se dirige vers elle, l'enveloppe tendrement de ses bras et l'embrasse, se penche vers le ventre arrondi de sa femme où il laisse un petit baiser, il regarde son épouse et l'interroge : il est réveillé ?
Nathalie sourit "Oui et il est en pleine forme."
Derrière sa tasse à thé, elle pense à la journée qui l'attend.
- C'est le petit Mehdi qui te tracasse ? demande Kayvan
- Oui, je suis sûre qu'ils vont revenir, pourquoi refuser cette intervention dont il a besoin ... Notre travail ici est un vrai échec, tout est remis en cause parce que nous n'avons pas la même religion... Hier j'avais envie de l'emmener à Téhéran moi même.
- J'ai déjà proposé cette possibilité aux parents, ils refusent de monter dans notre voiture...
Être médecins chrétiens en Iran.
Vêtue de sa blouse blanche large et son foulard, Nathalie caresse furtivement son ventre avec affection, regarde l'enfant assis sur les genoux de son père, pâle et fatigué. Une 4eme consultation vient de s'achever et elle essaie calmement expliquer à nouveau aux parents
- Votre fils a une petite anomalie au niveau du cœur, il lui faut un spécialiste, il faut l'hospitaliser rapidement, je vous l'ai déjà demandé, il faut l'emmener à Téhéran, je ne peux pas le guérir il lui faut une intervention chirurgicale.
- ma sœur s'il vous plaît qu'Allah vous garde, guérissez le, vous êtes Docteur vous pouvez. Pourquoi refusez-vous de nous aider, comment voulez vous qu'on aille à l'hôpital, on n'a pas les moyens, donnez nous les médicaments, et Allah s'occupera du reste ...
- mais je ne peux pas, son traitement est chirurgical et il faut intervenir vite !
- Non ma sœur pourquoi refusez vous le soigner ?
- mais je ne refuse pas, je ne peux pas...
- Vous avez des diplômes, on sait, vous devez le soigner !
- demandez de l'aide à votre famille pour emmener votre fils à Téhéran
La colère remplace les négociations: yeux exorbités et visage rouge le père se lève brutalement et menace la jeune médecin des flammes de l'enfer.
La porte du cabinet s'ouvre, Ali le secrétaire du cabinet regarde le père :
- Mais Jafar c'est quoi tout ce boucan ? Rentre chez toi et emmène ton fils à l'hôpital !
En prenant les épaules de Jafar il le pousse vers l'extérieur, la mère silencieuse drapée de son chador conserve ostensiblement le silence, se lève tête basse, elle prend la main de l'enfant et suit son mari.
Mais Jafar promet qu'il n'en a pas fini avec la doctoresse !
Le signal
Ali compose le numéro de téléphone de Farid
Comment vas tu mon frère ? Tu es notre lumière, viendras-tu aux fiançailles ?
Oui nous t'attendons, longue vie à toi mon frère.
A l'autre bout du fil Farid écoute sans rien dire, il reconnaît la voix d'Ali son ami d'enfance qui lui a déjà expliqué la situation du jeune couple arménien, la conversation ne dure que quelques secondes, c'est le moment ...
Il regarde sa mère déjà inquiète, l'embrasse sur le front, prend son sac à dos et se dirige vers la porte.
Sa mère l'accompagne en silence jusqu'à la porte, caresse les épaules de son fils et murmure: reviens sain et sauf, Farid s'incline, embrasse la main maternelle et quitte la maison.
Sur la route il fait une halte devant une maison au pied des montagnes, sonne trois fois, attend un peu et retourne dans sa voiture.
Un 4x4 sort du garage, Farid attend un peu et le laisse arriver au bout de la rue avant de repartir ...
Au 3eme carrefour il s'arrête près du 4x4, fait un signe au conducteur :
Mon frère je dois aller à cette adresse tu connais le chemin ? Il lui tend un papier, le conducteur lit et lui rend le papier: continue tout droit.
Les deux véhicules se séparent et prennent des directions différentes.
Hamid pense au village inscrit sur le papier. Il s'agit donc de ce couple médecin arménien affecté dans ce village reculé dans les montagnes, les villageois sont des croyants superstitieux, le mollah du village avait rendu pur les lieux par des prières et avait déclaré que les villageois pouvait dorénavant se faire soigner par les deux médecins devenus purs grâce à ses prières... Mais en vain.
Il faut garder l'endroit "pur" même si les deux médecins sont chrétiens !
Nathalie est outrée, enragée, elle sent bien le danger qui s'approche et s'était confiée à Ali, lui soumettant son souhait de quitter le village, l'heure était grave et lui pensait aux fiançailles de sa cousine ?
Tu comprends Ali ? Des médecins avec la même religion conviendraient mieux, les gens du village nous soupçonnent en permanence, il nous est quasiment impossible de les soigner correctement, tu peux nous aider trouver une autre zone d'affectation?
Mais Ali n'avait pas réellement ce pouvoir: les médecins étaient rares et les affectations dirigées par le ministère de la santé. Il avait tout de même soumis un avis pour des médecins musulmans qui seraient mieux accueillis ... et ce mollah était arrivé avec son Coran en chantant des versets dans chaque pièce pour garder l'endroit pur même si les deux médecins étaient de confession chrétienne.
Il quitte le centre médicale et traverse la place du village
Il rentre chez lui par la porte arrière donnant sur la cuisine, trouve un petit mot de sa femme à son attention : "au conseil des femmes pour Mehdi" !
Réunion exceptionnelle des femmes du village pour la guérison de l'enfant.
Myriam, la femme d'Ali, a été prévenue d'une réunion exceptionnelle des femmes pour la guérison du petit Mehdi par sa voisine, toutes les femmes du village sont conviées, sa présence et fortement souhaitée...
Elle a choisi un chador blanc pour s'y rendre, les femmes du village sont déjà installées, assises par terre et forment un cercle parfait, elle cherche du regard sa voisine et se fait une petite place près d'elle.
Une prêcheuse récite quelques versets, bénit l'assemblée à l'eau de rose, elle se lève et se dirige vers Mehdi et sa maman, impose sa main sur le front de l'enfant et pousse des cris, les mots sont à peine audibles: cet enfant pourrait guérir si on n'avait pas le sheitan dans notre village, elle se donne des coups sur sa poitrine en répétant des versets coraniques, elle fait le tour des dames à l'intérieur du cercle elle se positionne au milieu du cercle se penche et tourne sa tête et pleure, elle regagne sa place continue à chanter, pleurer et frapper sur sa poitrine, l'assemblée l'imite, chacune frappe sa poitrine, bientôt les chants et pleures deviennent des hurlements, la mère de Mehdi à son tour pousse des cris et tremble de tout son corps et s'évanouit.
Mehdi s'est réfugié dans un coin de la pièce. paniqué, il observe l'assemblée. Sa grand-mère tente en vain de le ramener au milieu du cercle, elle demande de l'aide à une femme qui d'un bond soulève l'enfant et le place au milieu, Mehdi effrayé pleure, les femmes réclament justice pour Mehdi dans les cris et pleurs...
Il fait chaud pense Myriam et la vue de cette scène lui est insupportable, que fait-elle qui elle ? ici parmi ces femmes incultes ? Elle qui est toujours en attente d'un poste, son doctorat en gestion en poche, Ali lui a promis que ce village n'est qu'une étape avant de retourner à Téhéran, elle ne peut quitter l'assemblée au risque d'être accusée de trahison, elle doit attendre que cette folie s'arrête.
La menace se précise
La prêcheuse a déclaré qu'il faut mettre un terme à l'existence de sheitan (le diable) dans le village dès ce soir, elle ordonne aux femmes de soutenir les hommes dans la tâche qu'ils ont à accomplir.
De son côté, Myriam se promet de préparer leur valises dès qu'elle rentre, ils doivent quitter cet endroit de fou, elle veut partir dès ce soir, il leur sera impossible de contenir ces sentiments mêlés, entre la religion et la superstition, la cérémonie ressemble à une séance de sorcellerie et de l'exorcisme. L'enfant est toujours au milieu du cercle, aspergé de l'eau de rose, de l'encens brûle autour de lui, les prières fusent, les femmes pleurent et s'infligent des coups de poing sur la poitrine. Ces odeurs se mélangent avec la transpiration des femmes réunies dans une petite pièce collées les unes aux autres lui donnent la nausée et elle a hâte de quitter la cérémonie, il faut prévenir son mari et le jeune couple médecin du danger imminent.
La prêcheuse déclare soudain que la séance est terminée, qu'elles peuvent rejoindre leurs familles pour que la volonté d'Allah soit exaucée. Elle se lève mais elle est immédiatement interceptée par sa voisine qui lui fait l'éloge de son prêche et sa clairvoyance, qu'elle seule a su comprendre la maladie de Mehdi, qu'elle a raison, elle est une femme d'une grande pureté d'âme, vraiment proche de la divinité. Elle quitte la maison de son hôte et se dirige directement vers le centre médical, mais trouve porte close avec l'inscription : "fermeture 16h".
Myriam se presse de rentrer, Ali doit avoir des nouvelles, elle traverse la place centrale et se rend compte de l'arrivée des villageois qui se rassemblent peu à peu sur la place centrale.
Ali n'est pas rentré, son ventre se noue, l'angoisse gagne du terrain. Non non, ne paniquons pas, ne paniquons pas... Ali connaît très bien ce village, il sait ce qu'il faut faire.
Elle s'active, sort leur deux grande valises, les rempli attentivement afin d'y mettre un maximum d'affaires et papiers administratifs...
Une fois la tâche terminée, elle sort la bouteille d'Aragh de son mari soigneusement cachée, elle se sert un demi verre qu'elle avale d'un coup sec, la boisson lui brûle la gorge jusqu'aux entrailles, ses yeux se figent sur la porte d'entrée dans l'attente de son mari.
Le piège se referme
Ali met le petit mot de sa femme dans sa poche et décide de retourner au centre médical. Dés son arrivée, il annonce que les médecins arrêteront les consultations à 16h et demande au jeune couple médecin d'accélérer la cadence. Nathalie lui adresse un regard noir face: Ali laisse le couple sans protection...
Sur le chemin du retour Nathalie et son mari sont interpellés par une petite fille, bâton à la main, qui les menace, ce soir sheitan quittera le village... Ils accélèrent le pas, une fois chez eux, il ferment toutes les portes et fenêtres, Keyvan aperçoit Ahmad le fils d'épicier qui surveille sa maison et défi son regard.
Il faut partir... Son regard croise celui de sa femme tendre et triste, Il la serre dans ses bras et l'embrasse, il lui propose de ne prendre que le nécessaire.
Nous pourrons partir à pieds par les bois et on avisera...
Ils prennent quelques affaires, les papiers d'identité et administratifs, de l'argent liquide et les fourrent dans deux sac à dos, et se dirigent vers la cuisine pour quitter la maison par le jardin.
Quelqu'un frappe à la porte de la cuisine.
Nathalie porte la main à sa bouche pour étouffer un cri, Kayvan dépose lentement son sac à dos, se muni d'un couteau de cuisine et se dirige vers la porte.
Opération de la dernière chance
De son côté, Hamid a pris la route montagneuse, arrive à l'embranchement menant au village et le dépasse, négocie deux virages, s'enfonce dans les bois et gare son 4x4 .
Il descend de sa voiture pour une première observation des lieux. Loin de la ville, ici tout est calme, il apprécie l'odeur de la terre rafraîchie par la pluie de cette nuit.
Il jette un coup d'œil en bas de la colline et aperçoit la voiture de Farid qui s'enfonce à son tour parmi les arbres. Les bois craquent sous ses bottes, il décide de retourner dans sa voiture et attendre les futurs rescapés qui seront là en moins d'une heure. Il se remémore le chemin du retour qu'il doit entreprendre au milieu des bois, le timing est bon, ils seront chez Jamshid le lendemain vers 13h avant l'arrivée de ses élèves, Jamshid prendra le relais. Il aime bien ce Jamshid et ses élèves rêveurs ceux là lui donnent l'espoir d'un monde meilleur, un sourire se dessine sur ses lèvres, respire l'aire boisé, la roue tourne...
Un peu plus bas dans les collines, Farid coupe le moteur et quitte sa voiture, regarde autour de lui pour se rassurer que la voiture est bien à l'abri des regards. Il regarde les hauteurs de la colline et se dit que Hamid est sûrement en position. Il contourne sa voiture, descend de la colline par le petit sentier menant au village, au coin d'un arbre il remarque la silhouette d'un homme qui s'approche doucement, il reconnaît Ali. Ils continuent le chemin ensemble sans se parler, suivent l'arrière des petites maison, bifurque sur un petit chemin menant derrière une maisonnette de construction neuve, Ali frappe à la petite porte qui donne accès à la maisonnette du petit jardin.
Un homme ouvre la porte, Farid voit la peur dans les yeux du jeune médecin et sa main cachée dans son dos.
"Vous partez Maintenant !"
Keyvan soupire et les laisse entrer, Nathalie se tient derrière son mari, les deux mains posées sur son ventre arrondi comme pour protéger son enfant pas encore né.
Farid montre le ventre de la jeune maman
- c'est pour bientôt ?
- Dans 3 mois ...
Il sort de son sac à dos deux chadors et demande au couple de s'en vêtir, Il regarde Kayvan pour s'en excuser
- juste le temps de quitter le village....
C'est parti : deux "femmes" voilées de la tête aux pieds et un homme empruntent le petit sentier et se dirigent vers les hauteurs.
Ali, longe l'arrière des maisons du village jusqu'au centre médicale, ouvre le portillon, pénètre dans la maison. Il vérifie toutes les pièces, sort côté ville et ferme la porte du centre à clef et se dirige vers sa maison ...
Folie meurtrière
Les hommes rejoignent tous la place du village, poitrine en avant, ils réclament la disparition du sheitan qui a apparu avec l'arrivée de ces kuffar, une vingtaine de personnes prête à combattre le sheitan, munie de bidon d'essence se dirigent vers la maison du jeune couple.
Mehdi est installé sur les épaules de son père qui lui promet une guérison immédiate, ils sont encerclés par les hommes du village qui réclament la gloire et l'honneur pour le village et la guérison pour ce petit garçon qui les a alerté de l'existence du sheitan dans leur village en tombant malade soudainement. Les femmes enveloppées de leur chador ainsi que les enfants les suivent.
Ali rentre rapidement chez lui, il s'étonne de voir sa femme prête avec deux valises, le regard figé sur la porte, il se précipite sur le téléphone, appelle la gendarmerie, les prévient des événements à venir. Il rassure sa femme sur le sort des médecins.
Tout deux prennent la route en direction de Téhéran, la voiture disparaît rapidement dans les volutes de terre battue.
Tout va très vite, sans réfléchir les villageois mettent le feu à la maison du couple arménien en pensant sûrement qu'Allah veillera que le feu ne détruise que la maison de sheitan.
Le couple avec Farid rejoignent Hamid au virage suivant, Nathalie et Kayvan changent de véhicule, Hamid veille à laisser une distance de 300 mètres entre le village et sa voiture, se faufile doucement entre les arbres et entreprend la descente jusqu'au chemin caillouteux qu'il est obligé de reprendre pour rejoindre Téhéran, ils sont déjà loin de ce village au-dessus eux, maintenant tout illuminé par une maison en feu. Il se dirige vers la maison de son oncle qui les attend pour la nuit.
Le jeune couple déboussolé ne sait toujours pas ce qui vient de se produire dans ce petit village.
Ils sont fatigués de leur journée, l'oncle de Hamid les accueille avec son sourire bienveillant, la bonne odeur d'un repas s'échappe de la cuisine, ils sont enfin en sécurité.
La rencontre
On est jeudi, je quitte le lycée joueuse avec Mina, nous avons le temps de manger tranquillement avant de retrouver nos amis chez Jamshid, mon professeur. Mina connaît un endroit dans le quartier de Jamshid près du grand parc qui propose des sandwichs au jambon à ses habitués, j'ai hâte de sentir à nouveau l'odeur et le goût, un petit fast-food s'offre à nous avec un joli étalage de sandwichs.
Le patron reconnaît Mina, sans mot dire il l'interroge avec le regard en soulevant son menton
- 2 "spécial chef" !
Avec un grand sourire il nous montre ses dents blanches,
sur le comptoir je remarque un journal avec le titre, un village en feu dans les montagnes.
Après un aller-retour à l'arrière de sa boutique, l'homme aux dents blanche nous tend 2 sandwichs emballés fermement.
Nous décidons manger dans le parc avoisinant, nous le traversons pour trouver un coin calme en suivant un petit ruisseau, peu à peu le silence s'impose et nous entendons le bruissement léger de la brise sur les feuilles et l'odeur de la terre fertile, un banc nous attend entre deux grands mûriers blancs face à la montagne. Nous nous y installons, l'odeur du jambon me chatouille le nez et me fais saliver, les souvenirs de mon enfance insouciante refont surface lorsque avec mon père nous allions librement chez l’épicier du quartier pour choisir le jambon que nous préférions.
Nous savourons notre déjeuner par petites bouchées .
Quelques minutes plus tard, Mina laisse son sandwich entamé sur le banc, s'approche de mon visage, le prend entre ses mains me regarde dans les yeux et me dit :
Repose le reste de ton sandwich délicatement sur le banc, prend ton sac doucement sans te retourner, on s'en va sans aucun bruit, j'ai des frissons et je comprends de quoi elle parle...
Quelques mètres plus loin nous nous retournons, les chiens errants ont déjà attaqué le banc et dévorent les sandwichs, nous profitons de ce moments pour courir sans nous arrêter jusqu'à la maison de Jamshid .
Essouffler nous gagnons le hall, Jamshid nous regarde étonner. Vous êtes en avance !
Devant le miroir nous retirons nos foulards, Mina retire l'élastique de ses cheveux, d'un coup sec elle se penche et lance ses cheveux en avant, se redresse, redonne du volume à ses cheveux, je la regarde faire jalousement en laissant échapper un soupir, mes cheveux ondulés ont besoin de plus de discipline, je tente de me coiffer devant le miroir que Jamshid a installé à cet effet pour les filles aux cheveux désordonnés. Nous nous dirigeons vers le salon.
Mes amis Farid et Hamid nous sourient, un couple inconnu nous regarde intensément.
- Jamshid, tu as de nouveaux invités ?
- Oui je vous présente Nathalie et Kayvan .
Nathalie est une femme douce, au regard tendre, nous préparons le thé ensemble et elle nous raconte ces derniers jours avec émotion, elle nous confie ses inquiétudes quant au devenir du petit Mehdi, j'entends le froissement d'un journal et un soupir, je regarde au coin de la porte dans le salon, Jamshid range un journal dans sa bibliothèque et Kayvan couvre son visage de ses mains, j'interroge du regard Jamshid qui me fais signe de ne rien dire, je me souviens alors le titre du journal sur le comptoir: un village en feu dans les montagnes...
Nous buvons le thé et quittons Jamshid et ses amis réfugiés mais auparavant, Nathalie tient à remercier tout le monde: nous sommes tous conviés dans leur futur logement à Téhéran.
Un mois plus tard heureux de ces retrouvailles d'autant plus qu'Ali et Myriam sont là, eux aussi installés maintenant dans la capitale. Une ambiance joyeuse règne autour de la table décorée de roses fraîchement coupées.
C'est dans cet instant d'apaisement que les souvenirs de ce qui aurait pu être une tragédie refont surface peu à peu...
A suivreKayvan en la voyant arriver se dirige vers elle, l'enveloppe tendrement de ses bras et l'embrasse, se penche vers le ventre arrondi de sa femme où il laisse un petit baiser, il regarde son épouse et l'interroge : il est réveillé ?
Nathalie sourit "Oui et il est en pleine forme."
Derrière sa tasse à thé, elle pense à la journée qui l'attend.
- C'est le petit Mehdi qui te tracasse ? demande Kayvan
- Oui, je suis sûre qu'ils vont revenir, pourquoi refuser cette intervention dont il a besoin ... Notre travail ici est un vrai échec, tout est remis en cause parce que nous n'avons pas la même religion... Hier j'avais envie de l'emmener à Téhéran moi même.
- J'ai déjà proposé cette possibilité aux parents, ils refusent de monter dans notre voiture...
Être médecins chrétiens en Iran.
Vêtue de sa blouse blanche large et son foulard, Nathalie caresse furtivement son ventre avec affection, regarde l'enfant assis sur les genoux de son père, pâle et fatigué. Une 4eme consultation vient de s'achever et elle essaie calmement expliquer à nouveau aux parents
- Votre fils a une petite anomalie au niveau du cœur, il lui faut un spécialiste, il faut l'hospitaliser rapidement, je vous l'ai déjà demandé, il faut l'emmener à Téhéran, je ne peux pas le guérir il lui faut une intervention chirurgicale.
- ma sœur s'il vous plaît qu'Allah vous garde, guérissez le, vous êtes Docteur vous pouvez. Pourquoi refusez-vous de nous aider, comment voulez vous qu'on aille à l'hôpital, on n'a pas les moyens, donnez nous les médicaments, et Allah s'occupera du reste ...
- mais je ne peux pas, son traitement est chirurgical et il faut intervenir vite !
- Non ma sœur pourquoi refusez vous le soigner ?
- mais je ne refuse pas, je ne peux pas...
- Vous avez des diplômes, on sait, vous devez le soigner !
- demandez de l'aide à votre famille pour emmener votre fils à Téhéran
La colère remplace les négociations: yeux exorbités et visage rouge le père se lève brutalement et menace la jeune médecin des flammes de l'enfer.
La porte du cabinet s'ouvre, Ali le secrétaire du cabinet regarde le père :
- Mais Jafar c'est quoi tout ce boucan ? Rentre chez toi et emmène ton fils à l'hôpital !
En prenant les épaules de Jafar il le pousse vers l'extérieur, la mère silencieuse drapée de son chador conserve ostensiblement le silence, se lève tête basse, elle prend la main de l'enfant et suit son mari.
Mais Jafar promet qu'il n'en a pas fini avec la doctoresse !
Le signal
Ali compose le numéro de téléphone de Farid
Comment vas tu mon frère ? Tu es notre lumière, viendras-tu aux fiançailles ?
Oui nous t'attendons, longue vie à toi mon frère.
A l'autre bout du fil Farid écoute sans rien dire, il reconnaît la voix d'Ali son ami d'enfance qui lui a déjà expliqué la situation du jeune couple arménien, la conversation ne dure que quelques secondes, c'est le moment ...
Il regarde sa mère déjà inquiète, l'embrasse sur le front, prend son sac à dos et se dirige vers la porte.
Sa mère l'accompagne en silence jusqu'à la porte, caresse les épaules de son fils et murmure: reviens sain et sauf, Farid s'incline, embrasse la main maternelle et quitte la maison.
Sur la route il fait une halte devant une maison au pied des montagnes, sonne trois fois, attend un peu et retourne dans sa voiture.
Un 4x4 sort du garage, Farid attend un peu et le laisse arriver au bout de la rue avant de repartir ...
Au 3eme carrefour il s'arrête près du 4x4, fait un signe au conducteur :
Mon frère je dois aller à cette adresse tu connais le chemin ? Il lui tend un papier, le conducteur lit et lui rend le papier: continue tout droit.
Les deux véhicules se séparent et prennent des directions différentes.
Hamid pense au village inscrit sur le papier. Il s'agit donc de ce couple médecin arménien affecté dans ce village reculé dans les montagnes, les villageois sont des croyants superstitieux, le mollah du village avait rendu pur les lieux par des prières et avait déclaré que les villageois pouvait dorénavant se faire soigner par les deux médecins devenus purs grâce à ses prières... Mais en vain.
Il faut garder l'endroit "pur" même si les deux médecins sont chrétiens !
Nathalie est outrée, enragée, elle sent bien le danger qui s'approche et s'était confiée à Ali, lui soumettant son souhait de quitter le village, l'heure était grave et lui pensait aux fiançailles de sa cousine ?
Tu comprends Ali ? Des médecins avec la même religion conviendraient mieux, les gens du village nous soupçonnent en permanence, il nous est quasiment impossible de les soigner correctement, tu peux nous aider trouver une autre zone d'affectation?
Mais Ali n'avait pas réellement ce pouvoir: les médecins étaient rares et les affectations dirigées par le ministère de la santé. Il avait tout de même soumis un avis pour des médecins musulmans qui seraient mieux accueillis ... et ce mollah était arrivé avec son Coran en chantant des versets dans chaque pièce pour garder l'endroit pur même si les deux médecins étaient de confession chrétienne.
Il quitte le centre médicale et traverse la place du village
Il rentre chez lui par la porte arrière donnant sur la cuisine, trouve un petit mot de sa femme à son attention : "au conseil des femmes pour Mehdi" !
Réunion exceptionnelle des femmes du village pour la guérison de l'enfant.
Myriam, la femme d'Ali, a été prévenue d'une réunion exceptionnelle des femmes pour la guérison du petit Mehdi par sa voisine, toutes les femmes du village sont conviées, sa présence et fortement souhaitée...
Elle a choisi un chador blanc pour s'y rendre, les femmes du village sont déjà installées, assises par terre et forment un cercle parfait, elle cherche du regard sa voisine et se fait une petite place près d'elle.
Une prêcheuse récite quelques versets, bénit l'assemblée à l'eau de rose, elle se lève et se dirige vers Mehdi et sa maman, impose sa main sur le front de l'enfant et pousse des cris, les mots sont à peine audibles: cet enfant pourrait guérir si on n'avait pas le sheitan dans notre village, elle se donne des coups sur sa poitrine en répétant des versets coraniques, elle fait le tour des dames à l'intérieur du cercle elle se positionne au milieu du cercle se penche et tourne sa tête et pleure, elle regagne sa place continue à chanter, pleurer et frapper sur sa poitrine, l'assemblée l'imite, chacune frappe sa poitrine, bientôt les chants et pleures deviennent des hurlements, la mère de Mehdi à son tour pousse des cris et tremble de tout son corps et s'évanouit.
Mehdi s'est réfugié dans un coin de la pièce. paniqué, il observe l'assemblée. Sa grand-mère tente en vain de le ramener au milieu du cercle, elle demande de l'aide à une femme qui d'un bond soulève l'enfant et le place au milieu, Mehdi effrayé pleure, les femmes réclament justice pour Mehdi dans les cris et pleurs...
Il fait chaud pense Myriam et la vue de cette scène lui est insupportable, que fait-elle qui elle ? ici parmi ces femmes incultes ? Elle qui est toujours en attente d'un poste, son doctorat en gestion en poche, Ali lui a promis que ce village n'est qu'une étape avant de retourner à Téhéran, elle ne peut quitter l'assemblée au risque d'être accusée de trahison, elle doit attendre que cette folie s'arrête.
La menace se précise
La prêcheuse a déclaré qu'il faut mettre un terme à l'existence de sheitan (le diable) dans le village dès ce soir, elle ordonne aux femmes de soutenir les hommes dans la tâche qu'ils ont à accomplir.
De son côté, Myriam se promet de préparer leur valises dès qu'elle rentre, ils doivent quitter cet endroit de fou, elle veut partir dès ce soir, il leur sera impossible de contenir ces sentiments mêlés, entre la religion et la superstition, la cérémonie ressemble à une séance de sorcellerie et de l'exorcisme. L'enfant est toujours au milieu du cercle, aspergé de l'eau de rose, de l'encens brûle autour de lui, les prières fusent, les femmes pleurent et s'infligent des coups de poing sur la poitrine. Ces odeurs se mélangent avec la transpiration des femmes réunies dans une petite pièce collées les unes aux autres lui donnent la nausée et elle a hâte de quitter la cérémonie, il faut prévenir son mari et le jeune couple médecin du danger imminent.
La prêcheuse déclare soudain que la séance est terminée, qu'elles peuvent rejoindre leurs familles pour que la volonté d'Allah soit exaucée. Elle se lève mais elle est immédiatement interceptée par sa voisine qui lui fait l'éloge de son prêche et sa clairvoyance, qu'elle seule a su comprendre la maladie de Mehdi, qu'elle a raison, elle est une femme d'une grande pureté d'âme, vraiment proche de la divinité. Elle quitte la maison de son hôte et se dirige directement vers le centre médical, mais trouve porte close avec l'inscription : "fermeture 16h".
Myriam se presse de rentrer, Ali doit avoir des nouvelles, elle traverse la place centrale et se rend compte de l'arrivée des villageois qui se rassemblent peu à peu sur la place centrale.
Ali n'est pas rentré, son ventre se noue, l'angoisse gagne du terrain. Non non, ne paniquons pas, ne paniquons pas... Ali connaît très bien ce village, il sait ce qu'il faut faire.
Elle s'active, sort leur deux grande valises, les rempli attentivement afin d'y mettre un maximum d'affaires et papiers administratifs...
Une fois la tâche terminée, elle sort la bouteille d'Aragh de son mari soigneusement cachée, elle se sert un demi verre qu'elle avale d'un coup sec, la boisson lui brûle la gorge jusqu'aux entrailles, ses yeux se figent sur la porte d'entrée dans l'attente de son mari.
Le piège se referme
Ali met le petit mot de sa femme dans sa poche et décide de retourner au centre médical. Dés son arrivée, il annonce que les médecins arrêteront les consultations à 16h et demande au jeune couple médecin d'accélérer la cadence. Nathalie lui adresse un regard noir face: Ali laisse le couple sans protection...
Sur le chemin du retour Nathalie et son mari sont interpellés par une petite fille, bâton à la main, qui les menace, ce soir sheitan quittera le village... Ils accélèrent le pas, une fois chez eux, il ferment toutes les portes et fenêtres, Keyvan aperçoit Ahmad le fils d'épicier qui surveille sa maison et défi son regard.
Il faut partir... Son regard croise celui de sa femme tendre et triste, Il la serre dans ses bras et l'embrasse, il lui propose de ne prendre que le nécessaire.
Nous pourrons partir à pieds par les bois et on avisera...
Ils prennent quelques affaires, les papiers d'identité et administratifs, de l'argent liquide et les fourrent dans deux sac à dos, et se dirigent vers la cuisine pour quitter la maison par le jardin.
Quelqu'un frappe à la porte de la cuisine.
Nathalie porte la main à sa bouche pour étouffer un cri, Kayvan dépose lentement son sac à dos, se muni d'un couteau de cuisine et se dirige vers la porte.
Opération de la dernière chance
De son côté, Hamid a pris la route montagneuse, arrive à l'embranchement menant au village et le dépasse, négocie deux virages, s'enfonce dans les bois et gare son 4x4 .
Il descend de sa voiture pour une première observation des lieux. Loin de la ville, ici tout est calme, il apprécie l'odeur de la terre rafraîchie par la pluie de cette nuit.
Il jette un coup d'œil en bas de la colline et aperçoit la voiture de Farid qui s'enfonce à son tour parmi les arbres. Les bois craquent sous ses bottes, il décide de retourner dans sa voiture et attendre les futurs rescapés qui seront là en moins d'une heure. Il se remémore le chemin du retour qu'il doit entreprendre au milieu des bois, le timing est bon, ils seront chez Jamshid le lendemain vers 13h avant l'arrivée de ses élèves, Jamshid prendra le relais. Il aime bien ce Jamshid et ses élèves rêveurs ceux là lui donnent l'espoir d'un monde meilleur, un sourire se dessine sur ses lèvres, respire l'aire boisé, la roue tourne...
Un peu plus bas dans les collines, Farid coupe le moteur et quitte sa voiture, regarde autour de lui pour se rassurer que la voiture est bien à l'abri des regards. Il regarde les hauteurs de la colline et se dit que Hamid est sûrement en position. Il contourne sa voiture, descend de la colline par le petit sentier menant au village, au coin d'un arbre il remarque la silhouette d'un homme qui s'approche doucement, il reconnaît Ali. Ils continuent le chemin ensemble sans se parler, suivent l'arrière des petites maison, bifurque sur un petit chemin menant derrière une maisonnette de construction neuve, Ali frappe à la petite porte qui donne accès à la maisonnette du petit jardin.
Un homme ouvre la porte, Farid voit la peur dans les yeux du jeune médecin et sa main cachée dans son dos.
"Vous partez Maintenant !"
Keyvan soupire et les laisse entrer, Nathalie se tient derrière son mari, les deux mains posées sur son ventre arrondi comme pour protéger son enfant pas encore né.
Farid montre le ventre de la jeune maman
- c'est pour bientôt ?
- Dans 3 mois ...
Il sort de son sac à dos deux chadors et demande au couple de s'en vêtir, Il regarde Kayvan pour s'en excuser
- juste le temps de quitter le village....
C'est parti : deux "femmes" voilées de la tête aux pieds et un homme empruntent le petit sentier et se dirigent vers les hauteurs.
Ali, longe l'arrière des maisons du village jusqu'au centre médicale, ouvre le portillon, pénètre dans la maison. Il vérifie toutes les pièces, sort côté ville et ferme la porte du centre à clef et se dirige vers sa maison ...
Folie meurtrière
Les hommes rejoignent tous la place du village, poitrine en avant, ils réclament la disparition du sheitan qui a apparu avec l'arrivée de ces kuffar, une vingtaine de personnes prête à combattre le sheitan, munie de bidon d'essence se dirigent vers la maison du jeune couple.
Mehdi est installé sur les épaules de son père qui lui promet une guérison immédiate, ils sont encerclés par les hommes du village qui réclament la gloire et l'honneur pour le village et la guérison pour ce petit garçon qui les a alerté de l'existence du sheitan dans leur village en tombant malade soudainement. Les femmes enveloppées de leur chador ainsi que les enfants les suivent.
Ali rentre rapidement chez lui, il s'étonne de voir sa femme prête avec deux valises, le regard figé sur la porte, il se précipite sur le téléphone, appelle la gendarmerie, les prévient des événements à venir. Il rassure sa femme sur le sort des médecins.
Tout deux prennent la route en direction de Téhéran, la voiture disparaît rapidement dans les volutes de terre battue.
Tout va très vite, sans réfléchir les villageois mettent le feu à la maison du couple arménien en pensant sûrement qu'Allah veillera que le feu ne détruise que la maison de sheitan.
Le couple avec Farid rejoignent Hamid au virage suivant, Nathalie et Kayvan changent de véhicule, Hamid veille à laisser une distance de 300 mètres entre le village et sa voiture, se faufile doucement entre les arbres et entreprend la descente jusqu'au chemin caillouteux qu'il est obligé de reprendre pour rejoindre Téhéran, ils sont déjà loin de ce village au-dessus eux, maintenant tout illuminé par une maison en feu. Il se dirige vers la maison de son oncle qui les attend pour la nuit.
Le jeune couple déboussolé ne sait toujours pas ce qui vient de se produire dans ce petit village.
Ils sont fatigués de leur journée, l'oncle de Hamid les accueille avec son sourire bienveillant, la bonne odeur d'un repas s'échappe de la cuisine, ils sont enfin en sécurité.
La rencontre
On est jeudi, je quitte le lycée joueuse avec Mina, nous avons le temps de manger tranquillement avant de retrouver nos amis chez Jamshid, mon professeur. Mina connaît un endroit dans le quartier de Jamshid près du grand parc qui propose des sandwichs au jambon à ses habitués, j'ai hâte de sentir à nouveau l'odeur et le goût, un petit fast-food s'offre à nous avec un joli étalage de sandwichs.
Le patron reconnaît Mina, sans mot dire il l'interroge avec le regard en soulevant son menton
- 2 "spécial chef" !
Avec un grand sourire il nous montre ses dents blanches,
sur le comptoir je remarque un journal avec le titre, un village en feu dans les montagnes.
Après un aller-retour à l'arrière de sa boutique, l'homme aux dents blanche nous tend 2 sandwichs emballés fermement.
Nous décidons manger dans le parc avoisinant, nous le traversons pour trouver un coin calme en suivant un petit ruisseau, peu à peu le silence s'impose et nous entendons le bruissement léger de la brise sur les feuilles et l'odeur de la terre fertile, un banc nous attend entre deux grands mûriers blancs face à la montagne. Nous nous y installons, l'odeur du jambon me chatouille le nez et me fais saliver, les souvenirs de mon enfance insouciante refont surface lorsque avec mon père nous allions librement chez l’épicier du quartier pour choisir le jambon que nous préférions.
Nous savourons notre déjeuner par petites bouchées .
Quelques minutes plus tard, Mina laisse son sandwich entamé sur le banc, s'approche de mon visage, le prend entre ses mains me regarde dans les yeux et me dit :
Repose le reste de ton sandwich délicatement sur le banc, prend ton sac doucement sans te retourner, on s'en va sans aucun bruit, j'ai des frissons et je comprends de quoi elle parle...
Quelques mètres plus loin nous nous retournons, les chiens errants ont déjà attaqué le banc et dévorent les sandwichs, nous profitons de ce moments pour courir sans nous arrêter jusqu'à la maison de Jamshid .
Essouffler nous gagnons le hall, Jamshid nous regarde étonner. Vous êtes en avance !
Devant le miroir nous retirons nos foulards, Mina retire l'élastique de ses cheveux, d'un coup sec elle se penche et lance ses cheveux en avant, se redresse, redonne du volume à ses cheveux, je la regarde faire jalousement en laissant échapper un soupir, mes cheveux ondulés ont besoin de plus de discipline, je tente de me coiffer devant le miroir que Jamshid a installé à cet effet pour les filles aux cheveux désordonnés. Nous nous dirigeons vers le salon.
Mes amis Farid et Hamid nous sourient, un couple inconnu nous regarde intensément.
- Jamshid, tu as de nouveaux invités ?
- Oui je vous présente Nathalie et Kayvan .
Nathalie est une femme douce, au regard tendre, nous préparons le thé ensemble et elle nous raconte ces derniers jours avec émotion, elle nous confie ses inquiétudes quant au devenir du petit Mehdi, j'entends le froissement d'un journal et un soupir, je regarde au coin de la porte dans le salon, Jamshid range un journal dans sa bibliothèque et Kayvan couvre son visage de ses mains, j'interroge du regard Jamshid qui me fais signe de ne rien dire, je me souviens alors le titre du journal sur le comptoir: un village en feu dans les montagnes...
Nous buvons le thé et quittons Jamshid et ses amis réfugiés mais auparavant, Nathalie tient à remercier tout le monde: nous sommes tous conviés dans leur futur logement à Téhéran.
Un mois plus tard heureux de ces retrouvailles d'autant plus qu'Ali et Myriam sont là, eux aussi installés maintenant dans la capitale. Une ambiance joyeuse règne autour de la table décorée de roses fraîchement coupées.
C'est dans cet instant d'apaisement que les souvenirs de ce qui aurait pu être une tragédie refont surface peu à peu...
Tweeter : l'annonce et des commentaires
Lun 4 Juil - 0:40
"Adieu #Téhéran" (la suite) "L'enfant sacrifié sur l'autel d'Allah" raconté par @Soraya2_S > https://t.co/Uosujxo4qF pic.twitter.com/Zt4DhtVJ5S
— Calcنlette (@LaMutine) 3 juillet 2016
@LaMutine Merci @Soraya2_S : témoignage bouleversant. L'Islam encourage les superstitions: djinns, le "Sheitan", les démons, les exorcismes
— samie (@16Avril06) 4 juillet 2016
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum