- DominiqueK
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Hollande et son "passif".
Depuis le début de cette semaine, il est fortement question d'un remaniement ministériel. Le Président François Hollande l'a confirmé dans l’interview donnée à Elisabet Chavelet, de Paris-Match. A une demande de précisions sur les modalités et le timing de ce remaniement il a répondu, sans répondre plus clairement par ailleurs : "Des choix et des aménagements auront à être faits". Cette formule interpelle. Quel locuteur français se serait exprimé de cette façon ? On aurait attendu : "Je vais devoir faire des choix et des aménagements" (avec un marqueur temporel réel : "à brève échéance", "avant telle date", par ex.) Dans l'énoncé de Hollande, la précision temporelle et le sujet de l'action disparaissent comme par enchantement. Pourquoi ?
Analysons cette courte phrase :
"Un jour, des choix et des aménagements auront à être faits"
Chaque mot appelle une analyse :
"Un jour" : en début de phrase, est le "complément circonstanciel de temps". Bien. Apprenons-nous de la part du Président quand il se propose de pratiquer ce qu'il annonce ? Non. "Un jour" est le temps du conte, pas du réel. Hollande ne s'engage pas, il laisse planer le doute pour tout le monde, ministres inclus. Le changement "est pour l'instant sans actualité".
C'est effrayant ! Il suspend une épée de Damoclès au-dessus de la tête de son gouvernement. "En son temps" est un équivalent que l'on a déjà entendu dans sa bouche, formule qui justifie ses atermoiement par l'idée que lui connaît le moment favorable, mais qu'il ne le dévoile pas encore : il cache son jeu pour mieux abattre ses cartes. Une menace rôde, grâce à ce "un jour".
"des choix" : au plan linguistique : substantif verbal (de "choisir") sans les marques du verbe conjugué, personne, temps, mode.
"Choix", au plan sémantique, implique un paradigme, à savoir ici l'ensemble formé par les ministres, duquel on extrait un élément que l'on choisit. Mais Hollande se garde de dire qui serait remplacé, et par qui. Conséquence, tous les ministres sont concernés.
Le syntagme, autrement dit les éléments co-présents formant le gouvernement, n'est pas remis en cause. Il ne sera pas réduit. Il fonctionnera à l'identique. A priori pas de jeu des chaises musicales. Mais faire tourner les ministres actuels, est-ce un grand changement ? Hollande ne se paye-t-il pas de mots ? Reste que là encore, "choix" fait flotter une menace. Il ne s'est pas privé de dire, d'ailleurs, que personne n'était "protégé au sein du gouvernement".
"et des aménagements" : même procédé que pour "des choix". Un nom, pas le verbe "aménager" conjugué, qui aurait apporté une dynamique à l'énoncé. Je vois dans les "aménagements" à la mode hollandaise quelques modifications de détail, et surtout j'entends
"ménagement". Fidèle à sa pratique de premier secrétaire du PS, Hollande aménage les contraires, il ménage la chèvre et le chou.
"auront à" : notion de futur, reprend "un jour", avec autant d’imprécision. Mais surtout notion d'obligation. Là, on est devant un abyme : obligation imposée par qui, par quoi ? Impératif politique ? Moral ? Objectif ? Subjectif ? Liste non exhaustive. Une obligation se présente, à laquelle on ne sait qui devra se plier. Lui ? Le gouvernement ? Il n'y a aucune prise en charge explicite de la nécessité. "Des choix et des aménagements" ne sont pas soumis, en bon français, à une obligation quelle qu'elle soit. Derrière cette tournure alambiquée, voire tordue, apparaît une
nécessité vague, indéfinie - des forces en présence non identifiées qui font là encore sentir une menace. Et lui, Hollande, en n'explicitant rien de son projet, est le tout puissant deus ex machina qui fera advenir les changements le moment venu. C'est terrifiant, et terriblement méprisant pour ses ministres et pour les Français.
"être faits" : là on atteint au sublime de l'expression hollandaise. Verbe faire à la forme passive, sans agent exprimé. Il manque le "par qui". Du coup cette phrase, qui est sensée annoncer un changement important préparé par le chef de l'Etat, n'exprime à aucun moment
que c'est lui qui va agir. Hollande n'a pas le courage de prendre en charge une action annoncée. Il ne dit pas "je devrai faire des choix", il est dans l’ambiguïté totale. Il n'assume pas le faire, il se retranche derrière le dire.
Tout son programme est basé sur ce type de phrases : "Les engagements seront tenus", "La transparence sera réalisée", etc. Le passif impersonnel, dont il abuse dans ses discours, dévoile son absence de prise sur le réel. Tout flotte, rien n'est défini dans le temps ni dans les modalités
concrètes. Il n'a pas les pieds sur terre. Nous avons à faire à un homme désorienté, pathologiquement inapte à la décision. Il gouverne en pensant que dire les choses, les annoncer pour le futur, c'est les faire. Comme pour l'inversion de la courbe du chômage : en proférant ses incantations, il pense obtenir un résultat.
Pensée magique ! Monde des contes de fées ! Nous sommes dans le monde virtuel de M. Hollande. La réalité lui échappe, et du coup ses ministres partent dans tous les sens, idéologiquement, et concrètement. Contrairement à ce qu'il prétend, il n'y a pas de cap. Nous sommes déréalisés. C'est ce que les gens appellent "aller dans le mur". Il y aura un mur, très dur. La réalité reviendra sous forme violente, j'en suis persuadée.
Depuis le début de cette semaine, il est fortement question d'un remaniement ministériel. Le Président François Hollande l'a confirmé dans l’interview donnée à Elisabet Chavelet, de Paris-Match. A une demande de précisions sur les modalités et le timing de ce remaniement il a répondu, sans répondre plus clairement par ailleurs : "Des choix et des aménagements auront à être faits". Cette formule interpelle. Quel locuteur français se serait exprimé de cette façon ? On aurait attendu : "Je vais devoir faire des choix et des aménagements" (avec un marqueur temporel réel : "à brève échéance", "avant telle date", par ex.) Dans l'énoncé de Hollande, la précision temporelle et le sujet de l'action disparaissent comme par enchantement. Pourquoi ?
Analysons cette courte phrase :
"Un jour, des choix et des aménagements auront à être faits"
Chaque mot appelle une analyse :
"Un jour" : en début de phrase, est le "complément circonstanciel de temps". Bien. Apprenons-nous de la part du Président quand il se propose de pratiquer ce qu'il annonce ? Non. "Un jour" est le temps du conte, pas du réel. Hollande ne s'engage pas, il laisse planer le doute pour tout le monde, ministres inclus. Le changement "est pour l'instant sans actualité".
C'est effrayant ! Il suspend une épée de Damoclès au-dessus de la tête de son gouvernement. "En son temps" est un équivalent que l'on a déjà entendu dans sa bouche, formule qui justifie ses atermoiement par l'idée que lui connaît le moment favorable, mais qu'il ne le dévoile pas encore : il cache son jeu pour mieux abattre ses cartes. Une menace rôde, grâce à ce "un jour".
"des choix" : au plan linguistique : substantif verbal (de "choisir") sans les marques du verbe conjugué, personne, temps, mode.
"Choix", au plan sémantique, implique un paradigme, à savoir ici l'ensemble formé par les ministres, duquel on extrait un élément que l'on choisit. Mais Hollande se garde de dire qui serait remplacé, et par qui. Conséquence, tous les ministres sont concernés.
Le syntagme, autrement dit les éléments co-présents formant le gouvernement, n'est pas remis en cause. Il ne sera pas réduit. Il fonctionnera à l'identique. A priori pas de jeu des chaises musicales. Mais faire tourner les ministres actuels, est-ce un grand changement ? Hollande ne se paye-t-il pas de mots ? Reste que là encore, "choix" fait flotter une menace. Il ne s'est pas privé de dire, d'ailleurs, que personne n'était "protégé au sein du gouvernement".
"et des aménagements" : même procédé que pour "des choix". Un nom, pas le verbe "aménager" conjugué, qui aurait apporté une dynamique à l'énoncé. Je vois dans les "aménagements" à la mode hollandaise quelques modifications de détail, et surtout j'entends
"ménagement". Fidèle à sa pratique de premier secrétaire du PS, Hollande aménage les contraires, il ménage la chèvre et le chou.
"auront à" : notion de futur, reprend "un jour", avec autant d’imprécision. Mais surtout notion d'obligation. Là, on est devant un abyme : obligation imposée par qui, par quoi ? Impératif politique ? Moral ? Objectif ? Subjectif ? Liste non exhaustive. Une obligation se présente, à laquelle on ne sait qui devra se plier. Lui ? Le gouvernement ? Il n'y a aucune prise en charge explicite de la nécessité. "Des choix et des aménagements" ne sont pas soumis, en bon français, à une obligation quelle qu'elle soit. Derrière cette tournure alambiquée, voire tordue, apparaît une
nécessité vague, indéfinie - des forces en présence non identifiées qui font là encore sentir une menace. Et lui, Hollande, en n'explicitant rien de son projet, est le tout puissant deus ex machina qui fera advenir les changements le moment venu. C'est terrifiant, et terriblement méprisant pour ses ministres et pour les Français.
"être faits" : là on atteint au sublime de l'expression hollandaise. Verbe faire à la forme passive, sans agent exprimé. Il manque le "par qui". Du coup cette phrase, qui est sensée annoncer un changement important préparé par le chef de l'Etat, n'exprime à aucun moment
que c'est lui qui va agir. Hollande n'a pas le courage de prendre en charge une action annoncée. Il ne dit pas "je devrai faire des choix", il est dans l’ambiguïté totale. Il n'assume pas le faire, il se retranche derrière le dire.
Tout son programme est basé sur ce type de phrases : "Les engagements seront tenus", "La transparence sera réalisée", etc. Le passif impersonnel, dont il abuse dans ses discours, dévoile son absence de prise sur le réel. Tout flotte, rien n'est défini dans le temps ni dans les modalités
concrètes. Il n'a pas les pieds sur terre. Nous avons à faire à un homme désorienté, pathologiquement inapte à la décision. Il gouverne en pensant que dire les choses, les annoncer pour le futur, c'est les faire. Comme pour l'inversion de la courbe du chômage : en proférant ses incantations, il pense obtenir un résultat.
Pensée magique ! Monde des contes de fées ! Nous sommes dans le monde virtuel de M. Hollande. La réalité lui échappe, et du coup ses ministres partent dans tous les sens, idéologiquement, et concrètement. Contrairement à ce qu'il prétend, il n'y a pas de cap. Nous sommes déréalisés. C'est ce que les gens appellent "aller dans le mur". Il y aura un mur, très dur. La réalité reviendra sous forme violente, j'en suis persuadée.
©DominiqueK pour revolte.exprimetoi.com
Boutons de partage en marge à gauche en haut. Merci ! 💙💐
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- MoiJeInvité
Belle analyse
Mer 29 Mai - 22:11
Il s'agit d'une belle analyse d'un langage typiquement socialiste où on dilue les mots autant que l'action .Ils brodent, causent, bavassent s'entourant toujours d'expressions alambiquées et prennent un air sérieux pensant ainsi cacher la misère de leurs cerveaux moisis. Ils adorent entretenir des systèmes ou des commissions pour reprendre leur vocabulaire, qui s'autoentretiennent dans l'inaction qu'ils justifient par l'interdisciplinarité et le consensus. d'où découle immanquablement le report des décisions à prendre nécessitant à leur tour différents "acteurs" tous plus experts les uns que les autres. Bref , la "pensée" socialiste est à l'image de la vice vis sans fin.
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