TTPF Mes mains ne savaient pas encore

Dans une écurie .
Tièdeur .
Elle contrastait avec la bise glaciale qui balayait les terres froides du Dauphiné au printemps de cette année là , comme si Dieu avait voulu durcir la pénitence pascale que respectaient , autant par habitude que par dévotion , ces paysans qui ne manquaient la messe du dimanche que si vache mettait bas .

Odeurs.
Elles vous ennivraient subtilement et dans un ordre très précis .
En tout premier , l'âcreté de la paille souillée et la transpiration du troupeau - les bêtes rentraient tout juste, la robe encore humide de ce chaud-froid imposé.
Après ce manqué d'air brutal , le foin , éparpillé à grands coups de fourche dans les mangeoires pour pallier une pâture recouverte d'une neige tenace , ajoutait une note épicée d'herbe séchée . Enfin , plus subtil encore , le lait chaud, fade , déversé d'un seau cabossé dans ce bidon d'acier rutilant qui vous brûlait les yeux , ce lait riche , crémeux , distillait un arôme apaisant et vous soignait l'âme en même temps .

Mais de tout ceci je n'avais que faire .
Ma cousine , un peu plus âgée que moi, me dévisageait niaisement , à moitié dissimulée par la croupe rebondie de la Marquise ou de la Gueuse .
Les yeux rivés sur sa mère , occupée à ne pas perdre une goutte du précieux breuvage , je mesurais , effaré , l'énorme poitrine de cette femme , courbée par ce devoir séculaire , accompli sans rechigner , tous les jours , juste avant de servir la soupe chaude et plus tard , subissant les assauts d'un homme fier de son labeur, repus , saoulé de foutre et de gnôle .

Cette année là , quel âge avais-je donc ? , pour la toute première fois , frotté contre un drap raide , humide , tout juste réchauffé par la bouillotte , non , mes mains ne savaient pas encore , mon sexe s'est empanaché de blanc .

Quelle émotion de lire à nouveau cette plume que j'adore!...
Quel bonheur de donner à partager ce talent trop bien caché!

Une TTPF pleine de sensualité, de chaleur, d'odeurs, d'humour, de puissance évocatrice et de poésie!!
J'adore, mon ami....
Merci

Philippe Delerme me paraît bien pâlichon avec ses gentils "Plaisirs Minuscules" à côté de toi ....Vrai!

Encore, encore s'il te plait

Ps:
1/ Je me suis permis de changer le titre de ta TTPF pour la repérer plus facilement...
J'espère que tu ne m'en voudras pas
2/Détail prosaïque, ta TTPF est si riche que je ne sais pas dans quelle rubrique la placer...
Du coup, je crée une nouvelle rubrique "TTPF initiatiques".... C'est pas la première fois que tu sors des clous!! Continue !! :lol:

Merci de ces compliments qui me vont droit au coeur .......
désolé pour la sortie de route ......mais je faisais confiance à ta sagacité pour classer ce dossier brûlant !! lol
avec ma maladresse habituelle d'internaute à la gomme , j'avais foiré le titre ...... mais là encore , Anna ma fée adorée , tu as su choisir les mots justes , puisque c'est la phrase la plus importante du texte !! bisou !

Au fait solong, j'ai cherché et t'ai mis un avatar. J'ignore si tu en comprends le choix et surtout le sens mais pour moi il n'y a pas mieux...
Si tu veux des détails, demande
S'il ne te plait pas change le....
Si tu ne sais pas changer, demande qrgvq

l'avatar me plait beaucoup ...... et tu as raison , je ne saurais certainement pas le changer !! quant au sens qu'il illustre , je ne m'aventurerai pas ................... mais je suis sûr qu'un jour , derrière ta tête , je découvrirai l'idée !!

Tout y est pourtant:
Je te donne des pistes:
La discrétion et la modestie de la fleur, le potentiel de liberté et de rêve... attaché à son cœur , le ravissement quand au premier souffle, (première inspiration), les pétales ( tes mots) s'envolent... sans oublier
la maîtrise de notre si belle langue ( Avant wiki, une fleur de pissenlit, symbole de Larousse autant que je me souviennes )
Et s'il ne reste que la tige.... Elle est solidement ancrée dans le sol!

Je n'ose me lancer dans ton registre "chaud bouillant", je n'ai pas ton talent!

Tes récits me ramènent à mon enfance où petite fille, j'adorais "déshabiller " la fleur de pissenlit et je suivais, enchantée, l'envol léger de ses "plumes"