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Calculette
Calculette
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Article de presse Soraya L'enfant sacrifiésur l'autel d'Allah et Homa

Sam 2 Juil - 14:53
L'enfant sacrifié sur l'autel d'Allah

Soraya a écrit:Il fait presque chaud lorsque Nathalie se réveille, elle entend le bruit des tasses qui s'entrechoquent dans la cuisine, son mari prépare le petit déjeuner, elle s'enveloppe de sa robe de chambre, sort de sa chambre et se dirige vers la cuisine, par la fenêtre elle remarque ses voisins déjà en pleine discussion.
Kayvan en la voyant arriver se dirige vers elle, l'enveloppe tendrement de ses bras et l'embrasse, se penche vers le ventre arrondi de sa femme où il laisse un petit baiser, il regarde les yeux de sa femme et l'interroge : il est réveillé ?
Nathalie sourit  "oui et il est en pleine forme."
Derrière sa tasse à thé, elle pense à la journée qui l'attend.
-Tu penses au petit Mehdi ? Demande Kayvan
-Oui, je suis sûre qu'ils vont revenir, pourquoi refuser cette intervention dont il a besoin ?
Notre travail ici est un vrai échec, tout est remis en cause parce que nous n'avons pas la même religion...
Hier j'avais envie de l'emmener à Téhéran moi même.
- j'ai déjà proposé cette possibilité aux parents, ils refusent de monter dans notre voiture...


Nathalie est médecin. Vêtue de sa blouse blanche large et son foulard, elle caresse furtivement  son ventre avec affection, regarde l'enfant assis sur les genoux de son père, pâle et fatigué. Une 4eme consultation vient de s'achever et elle essaie calmement expliquer à nouveau aux parents
- Votre fils a une petite anomalie au niveau du cœur, il lui faut un spécialiste, il faut l'hospitaliser rapidement, je vous l'ai déjà demandé, il faut l'emmener à Téhéran, je ne peux pas le guérir il lui faut une intervention chirurgicale.
- ma sœur s'il vous plaît qu'Allah vous garde, guérissez le, vous êtes  Docteur vous pouvez. Pourquoi refusez-vous de nous aider, comment voulez vous qu'on aille à l'hôpital, on n'a pas les moyens, donnez nous les médicaments, et Allah s'occupera du reste ...
- mais je ne peux pas, son traitement est chirurgical et il faut intervenir vite !
- Non ma sœur pourquoi refusez vous le soigner ?
- mais je ne refuse pas, je ne peux pas...
- Vous avez des diplômes, on sait, vous devez le soigner !
- demandez de l'aide à votre famille pour emmener votre fils à Téhéran

La colère  remplace les négociations, des yeux exorbitants et visage rouge le père se lève brutalement et menace la jeune médecin des flammes de l'enfer.

La porte du cabinet s'ouvre, Ali le secrétaire du cabinet regarde le père :
- Mais Jafar c'est quoi tout ce boucan ? Rentre chez toi et emmène ton fils à l'hôpital !
En prenant les épaules de Jafar il le pousse vers l'extérieur, la mère silencieuse drapée de son chador conserve ostensiblement le silence, se lève tête basse, elle prend la main de l'enfant et suit son mari.
Mais Jafar promet qu'il n'en a pas fini avec la doctoresse...

Le signal
Ali compose le numéro de téléphone de Farid
Comment vas tu mon frère ? Tu es notre lumière, viendras-tu aux fiançailles ?
Oui nous t'attendons, longue vie à toi mon frère.

A l'autre bout du fil Farid écoute sans rien dire, il reconnaît la voix d'Ali son ami d'enfance qui lui a déjà expliqué la situation du jeune couple arménien, la conversation ne dure que quelques secondes, c'est le moment ...
Il regarde sa mère déjà inquiète, l'embrasse sur le front, prend son sac à dos et se dirige vers la porte.
Sa mère  l'accompagne en silence jusqu'à la porte, caresse les épaules de son fils et murmure: reviens sain et sauf, Farid s'incline, embrasse la main de sa mère et quitte la maison.

Sur la route il fait une halte devant une maison au pied des montagnes, sonne trois fois, attend un peu et retourne dans sa voiture.
Un 4x4 sort du garage, Farid attend un peu et le laisse arriver au bout de la rue avant de repartir ...
Au 3eme carrefour il s'arrête près du 4x4, fait un signe au conducteur :
Mon frère je dois aller à cette adresse tu connais le chemin ? Il lui tend un papier, le conducteur lit et lui rend le papier: continue tout droit.
Les deux véhicules se séparent et prennent des directions différentes.

Hamid pense au nom du village inscrit sur le papier. Il s'agit donc de ce couple médecin arménien affecté dans ce village reculé dans les montagnes, les villageois sont des croyants superstitieux, le mollah du village avait rendu pur les lieux par des prières et avait déclaré que les villageois pouvait dorénavant se faire soigner par les deux médecins devenus purs grâce à ses prières... Mais en vain.
_____________
Il faut garder l'endroit "pur" même si les deux médecins étaient de confession chrétienne
Nathalie est outrée, enragée, elle sent bien le danger qui s'approche et s'était confiée à Ali, lui soumettant son souhait de quitter le village, l'heure était grave et lui pensait aux fiançailles de sa cousine ?

Tu comprends Ali ? Des médecins avec la même religion conviendraient mieux, les gens du village nous soupçonnent en permanence, il nous est quasiment impossible de les soigner correctement, tu peux nous aider trouver une autre zone d'affectation?

Mais Ali n'avait pas réellement ce pouvoir: les médecins étaient rares et les affectations dirigées par le ministère de la santé. Il avait tout de même soumis un avis pour des médecins musulmans qui seraient mieux accueillis ... et ce mollah était arrivé avec son Coran en chantant des versets dans chaque pièce pour garder l'endroit pur même si les deux médecins étaient de confession chrétienne.
Il quitte le centre médicale et traverse la place du village
Il rentre chez lui par la porte arrière donnant sur la cuisine, trouve un petit mot de sa femme à son attention : "au conseil des femmes pour Mehdi" !

Réunion exceptionnelle des femmes du village pour la guérison de l'enfant.

Myriam, la femme d'Ali, a été prévenue d'une réunion exceptionnelle des femmes pour la guérison du petit Mehdi par sa voisine, toutes les femmes du village sont conviées, sa présence et fortement souhaitée...
Elle choisit un chador blanc pour s'y rendre, les femmes du village sont déjà installées, assises par terre et forment un cercle parfait, elle cherche du regard sa voisine et se fait une petite place près d'elle.
Une prêcheuse récite quelques versets, bénit l'assemblée à l'eau de rose, elle se lève et se dirige vers Mehdi et sa maman, impose sa main sur le front de l'enfant et pousse des cris, les mots sont à peine audibles: cet enfant pourrait guérir si on n'avait pas le sheitan dans notre village, elle se donne des coups sur sa poitrine en répétant des versets coraniques, elle fait le tour des dames à l'intérieur du cercle elle se positionne au milieu du cercle se penche et tourne sa tête et pleure, elle regagne sa place continue à chanter, pleurer et frapper sur sa poitrine, l'assemblée l'imite, chacune frappe sa poitrine, bientôt les chants et pleures deviennent des hurlements, la mère de Mehdi à son tour pousse des cris et tremble de tout son corps et s'évanouit.

Mehdi s'est trouvé un refuge au coin d'un mur et regarde l'assemblée paniqué. Sa grand-mère tente en vain de le ramener au milieu du cercle, elle demande de l'aide à une femme qui d'un bond soulève l'enfant  et le place au milieu, Mehdi effrayé pleure, les femmes réclament justice pour Mehdi dans les cris et pleurs...
Il fait chaud mense Myriam et la vue de cette scène lui est insupportable, que fait-elle qui elle ? ici parmi ces femmes incultes ? Elle qui est toujours en attente d'un poste, son doctorat en gestion en poche, Ali lui a promis que ce village n'est qu'une étape avant de retourner à Téhéran, elle ne peut quitter l'assemblée au risque d'être accusée de trahison, elle doit attendre que cette folie s'arrête.
La prêcheuse déclare qu'il faut mettre un terme à l'existence de sheitan dans le village dès ce soir, elle ordonne aux femmes de soutenir les hommes dans la tâche qu'ils ont à accomplir.

De son côté, Myriam se promet de préparer leur valises dès qu'elle rentre, ils doivent quitter cet endroit de fou, elle veut partir dès ce soir, il leur sera impossible de contenir ces sentiments mêlés, entre la religion et la superstition, la cérémonie ressemble à une séance de sorcellerie et de l'exorcisme. L'enfant est toujours au milieu du cercle, aspergé de l'eau de rose, de l'encens brûle autour de lui, les prières fusent, les femmes pleurent et s'infligent des coups de poing sur la poitrine. Ces odeurs se mélangent avec la transpiration des femmes réunies dans une petite pièce collées les unes aux autres lui donnent la nausée et elle a hâte de quitter la cérémonie, il faut prévenir son mari et le jeune couple médecin du danger imminent.

La prêcheuse déclare soudain que la séance est terminée, qu'elles peuvent rejoindre leurs familles pour que la volonté d'Allah soit exaucée. Elle se lève mais elle est immédiatement interceptée par sa voisine qui lui fait l'éloge de son prêche et sa clairvoyance, qu'elle seule a su comprendre la maladie de Mehdi, qu'elle a raison, elle est une femme d'une grande pureté d'âme, vraiment proche de la divinité. Elle quitte la maison de son hôte et se dirige directement vers le centre médical, mais  trouve porte close avec l'inscription : fermeture 16h.

Myriam se presse de rentrer, Ali doit avoir des nouvelles, elle traverse la place centrale et se rend compte de l'arrivée des villageois qui s'assemblent peu à peu sur la place centrale.
Ali n'est pas rentré, son ventre se noue, l'angoisse gagne du terrain.
Non non, ne paniquons pas, ne paniquons pas...
Ali connaît très bien ce village, il sait ce qu'il faut faire.

Elle s'active, sort leur deux grande valises, les rempli attentivement afin d'y mettre un maximum d'affaires et papiers administratifs...
Une fois la tâche terminée, elle sort la bouteille de aragh de son mari soigneusement cachée, elle se sert un demi verre qu'elle avale d'un coup sec, la boisson lui brûle la gorge jusqu'aux entrailles, ses yeux se figent sur la porte d'entrée dans l'attente de son mari.

Le piège se referme
Ali met le petit mot de sa femme dans sa poche QUEL MOT ? et décide de retourner au centre médical  Dés son arrivée il annonce que les médecins arrêteront les consultations à 16h et demande au jeune couple médecin d'accélérer la cadence. Nathalie lui adresse un regard noir face à l'incompréhension de Ali qui les laisse le couple sans protection.
Sur le chemin du retour Nathalie et son mari sont interpellés par une petite fille, bâton à la main, elle les désigne et dit, ce soir sheitan quittera le village...
Ils accélèrent le pas, une fois chez eux, il ferment toutes les portes et fenêtres, Keyvan aperçoit Ahmad le fils d'épicier qui surveille sa maison et défi son regard.
Il faut partir... Son regard croise celui de sa femme tendre et triste, Il la serre dans ses bras et l'embrasse, il lui propose de ne prendre que le nécessaire.
Nous pourrons partir à pieds par les bois et on avisera...
Ils prennent quelques affaires, les papiers d'identité et administratifs, de l'argent liquide et les fourrent dans deux sac à dos, et se dirigent vers la cuisine pour quitter la maison par le jardin.

Quelqu'un frappe à la porte de la cuisine.
Nathalie porte la main à sa bouche pour étouffer un cri, Kayvan dépose lentement son sac à dos, se muni d'un couteau de cuisine et se dirige vers la porte.

Opération de la dernière chance
De son côté, Hamid a pris la route montagneuse, arrive à l'embranchement menant au village et le dépasse, négocie deux virages, s'enfonce dans les bois et gare son 4x4 .
Il descend de sa voiture pour une première observation des lieux. Loin de la ville, ici tout est calme, il apprécie l'odeur de la terre rafraîchie par la pluie de cette nuit.
Il jette un coup d'œil en bas de la colline et aperçoit la voiture de Farid qui s'enfonce à son tour parmi les arbres. Les bois craquent sous ses bottes, il décide de retourner dans sa voiture et attendre les futurs rescapés qui seront là en moins d'une heure. Il se remémore le chemin du retour qu'il doit entreprendre au milieu des bois, le timing est bon, ils seront chez Jamshid le lendemain vers 13h avant l'arrivée de ses élèves, Jamshid prendra le relais. Il aime bien ce Jamshid et ses élèves rêveurs ceux là lui donnent l'espoir d'un monde meilleur, un sourire se dessine sur ses lèvres, respire l'aire boisé, la roue tourne...

Un peu plus bas dans les collines, Farid coupe le moteur et quitte sa voiture, regarde autour de lui pour se rassurer que la voiture est bien à l'abri des regards. Il regarde les hauteurs de la colline et se dit que Hamid est sûrement en position. Il contourne sa voiture, descend de la colline par le petit sentier menant au village, au coin d'un arbre il remarque la silhouette d'un homme qui s'approche doucement, il reconnaît Ali. Ils continuent le chemin ensemble sans se parler, suivent l'arrière des petites maison, bifurque sur un petit chemin menant derrière une maisonnette de construction neuve, Ali frappe à la petite porte qui donne accès à la maisonnette du petit jardin.

Un homme ouvre la porte, Farid voit la peur dans les yeux du jeune médecin et sa main cachée  dans son dos.
Vous partez maintenant ! dit-il
Keyvan soupire et les laisse entrer, Nathalie se tient derrière son mari, les deux mains sont sur son ventre arrondi maintenant comme pour protéger son enfant pas encore né.
Farid montre le ventre de la jeune maman
- c'est pour bientôt ?
- Dans 3 mois ...
Il sort de son sac à dos deux chadors et demande au couple de s'en vêtir, Il regarde Kayvan pour s'en excuser: juste le temps de quitter le village....
C'est parti : deux "femmes" couvertes de leur chador et un homme empruntent le petit sentier et se dirigent vers les hauteurs.

Ali, longe l'arrière des maisons du village jusqu'au centre médicale, ouvre le portillon, pénètre dans la maison. Il vérifie toutes les pièces, sort côté ville et ferme la porte du centre à clef et se dirige vers sa maison ...

Les hommes se dirigent vers la place du village, poitrine en avant, ils réclament la disparition du sheitan qui a apparu avec l'arrivée de ces kuffar, une vingtaine de personnes prête à combattre le sheitan, munie de bidon d'essence se dirigent vers la maison du jeune couple.
Mehdi est installé sur les épaules de son père qui lui promet une guérison immédiate, ils sont encerclés par les hommes du village qui réclament la gloire et l'honneur pour le village et la guérison pour ce petit garçon qui les a alerté de l'existence du sheitan dans leur village en tombant malade soudainement. Les femmes enveloppées de leur chador ainsi que les enfants les suivent.

Ali rentre rapidement chez lui, il s'étonne de voir sa femme prête avec deux valises, le regard figé sur la porte, il se précipite sur le téléphone, appelle la gendarmerie, les prévient des événements à venir. Il rassure sa femme sur le sort des médecins.
Tout deux prennent la route en direction de Téhéran, la voiture disparaît rapidement dans les volutes de terre battue.

Tout va très vite, sans réfléchir les villageois mettent le feu à la maison du couple arménien en pensant sûrement qu'Allah veillera que le feu ne détruise que la maison de sheitan.


Le couple avec Farid rejoignent Hamid au virage suivant, Nathalie et Kayvan changent de véhicule, Hamid veille à laisser une distance de 300 mètres entre le village et sa voiture, se faufile doucement entre les arbres et entreprend la descente jusqu'au chemin caillouteux qu'il est obligé de reprendre pour rejoindre Téhéran, ils sont déjà loin de ce village au-dessus eux, maintenant tout illuminé par une maison en feu.

Il se dirige vers la maison de son oncle qui les attend pour la nuit.
Le jeune couple déboussolé ne sait toujours pas ce qui vient de se produire dans ce petit village.
Ils sont fatigués de leur journée, l'oncle de Hamid les accueille avec son sourire bienveillant, la bonne odeur d'un repas s'échappe de la cuisine, ils sont enfin en sécurité.


On est jeudi, je quitte le lycée joueuse avec Mina, nous avons le temps de manger tranquillement avant de retrouver nos amis chez Jamshid.
Mina connaît un endroit dans le quartier de Jamshid près du grand parc qui propose des sandwichs au jambon à ses habitués, j'ai hâte de sentir à nouveau l'odeur et le goût, un petit fast-food s'offre à nous avec un joli étalage de sandwichs.
Le patron reconnaît Mina, sans mot dire il l'interroge  avec le regard en soulevant son menton
-2 spécial chef !
Avec un grand sourire il nous montre ses dents blanches,
sur le comptoir je remarque un journal avec le titre, un village en feu dans les montagnes.

Après un aller-retour à l'arrière de sa boutique, l'homme aux dents blanche nous tend 2 sandwichs emballés fermement.

Nous décidons manger dans le parc avoisinant, nous le traversons pour trouver un coin calme en suivant un petit ruisseau, peu à peu le silence s'impose et nous entendons le bruissement léger de la brise sur les feuilles et l'odeur de la terre fertile, un banc nous attend entre deux grands mûriers blancs face à la montagne. Nous nous y installons, l'odeur du jambon me chatouille le nez et me fais saliver, les souvenirs de mon enfance insouciante refont surface lorsque avec mon père nous allions librement chez l'epicier du quartier pour choisir le jambon que nous préférions.
Nous savourons notre déjeuner par petites bouchées .
Quelques minutes plus tard, Mina laisse son sandwich entamé sur le banc, s'approche de mon visage, le prend entre ses mains me regarde dans les yeux et me dit :
Repose le reste de ton sandwich délicatement sur le banc, prend ton sac doucement sans te retourner, on s'en va sans aucun bruit, j'ai des frissons et je comprends de quoi elle parle...
Quelques mètres plus loin nous nous retournons, les chiens errants ont déjà attaqué le banc et dévorent les sandwichs, nous profitons de ce moments pour courir sans nous arrêter jusqu'à la maison de Jamshid .
Essouffler nous gagnons le hall, Jamshid nous regarde étonner. Vous êtes en avance!

Devant le miroir nous retirons nos foulards, Mina retire l'élastique de ses cheveux, d'un coup sec elle se penche et lance ses cheveux en avant, se redresse, redonne du volume à ses cheveux, je la regarde faire jalousement en laissant échapper un soupir, mes cheveux ondulés ont besoin de plus de discipline, je tente me coiffer devant le miroir que Jamshid a installé à cet effet pour les filles aux cheveux désordonnés
Nous nous dirigeons vers le salon.

Farid et Hamid nous sourient, un couple inconnu nous regarde intensément.

- Jamshid tu as de nouveaux invités?
- Oui je vous présente Nathalie et Kayvan ...




Nathalie est une femme douce, au regard tendre, nous préparons le thé ensemble et elle nous raconte le déroulement des derniers jours avec émotion, elle nous confie ses inquiétudes quant au devenir du petit Mehdi, j'entends le froissement d'un journal et un soupir, je regarde au coin de la porte dans le salon, Jamshid range un journal dans sa bibliothèque et Kayvan couvre son visage de ses mains, j'interroge du regard Jamshid qui me fais signe de ne rien dire, je me souviens alors le titre du journal sur le comptoir: un village en feu dans les montagnes...

Nous buvons le thé et prenons congé, Jamshid a d'autres préoccupations avec ses nouveaux invités.

C'EST Là QUE COMMENCE HOMA ? c'est un autre récit ?

Il est 15h, avant de rentrer chez moi je décide de choisir une cassette vidéo chez mon ami Ramine qui tient une vidéothèque au sous sol d'un immeuble près de chez moi, il est heureux de me voir, il accompagne de temps en temps Farid chez Jamshid, je sais que la vidéothèque n'est pas son seul emploi.
- Un western ça te dit ?
- non censuré?
- mais bien sûr que si me dit il en riant  

Je prends la cassette vidéo, un baiser sur sa joue et je repars

C'est en rentrant dans ma rue que je sens la main sur mon épaule et un bruit ressemblant à un miaulement.
Je me retourne la mère de Homa se tient devant moi, pale et tremblante. Elle s'accroche à mes bras, ses ongles rentrent dans ma chaire et j'ai envie de hurler, doucement  j'essaie de me libérer de ses ongles pointus.
Qu'est ce qui se passe?
Elle me regarde désemparée, effrayée...
J'essaie de réfléchir, J'ai vu Homa quitter le lycée, à ma connaissance elle n'avait intégré aucun groupe, elle aimait dessiner, justement elle était rentrée chez elle pour continuer un tableau.

- elle est morte
- comment? Mais non!
Ses paroles sont saccadées entremêlées de larmes:
- je suis arrivée en retard, j'ai voulu acheter le satin gris qu'elle aimait

J'essaie de la diriger vers la vidéothèque, je lui demande de se calmer et lui dis
- on va demander de l'aide
- oui


Je suis abasourdie, je me dis qu'elle est peut être prise d'une folie ou d'une hallucination, avant de rentrer dans la vidéothèque je glisse un petit mot dans la boîte à cassette.
Nous descendons doucement les marches.

La vidéothèque est vide, Ramine est penché sur une étagère pour remettre de l'ordre,
En nous entendant, il se lève, il est surpris de me revoir avec une femme en pleurs, il s'approche, je lui glisse dans la main la cassette, il ouvre la boîte et lis le petit mot, il se dirige vers la porte et ferme sa boutique.


J'essaie d'assembler mes souvenirs, Homa  je ne la connaissais pas vraiment, elle était élève dans ma classe, ce jeudi matin je suis excitée à l'idée de retrouver mes amis chez Jamshid, cela me rend joyeuse, Mina aussi, elle a des yeux qui pétillent, tout et n'importe quoi nous fait rire, du comportement de mes camarades de classe jusqu'au discours de mes enseignantes, notre professeur de science naturelle dévie la discussion sur son voyage à la Mecque où elle a découvert des voyageurs venant de tout pays, notamment les africains à la peau noire, elle nous relate un anecdote où près de son campement des africaines résidaient, elle nous décrit la morphologie l'une d'elle, le nez aplati, les grosses lèvres proéminentes, une peau ferme, épaisse, elle insiste sur leur manque de pudeur, elle nous décrit une jeune mère ,sa peau de couleur chocolat et ferme qui dès les premiers signes de pleurs de son bébé sortait son grand sein chocolat aux yeux de toutes pour l'allaiter, elle considère cette forme allaitement comme un désir mal sain, personne en classe ne sait pourquoi elle nous raconte cette histoire, est ce pour dire qu'elle a fait son hajj ou est elle juste raciste ou jalouse de la belle peau chocolatée de la jeune fille africaine ... Alors qu'elle nous relate l'allaitement de la jeune maman je rétorque, les bébés africains ont de la chance, ils boivent du chocolat au lait... C'est une vieille blague connue de tous, personnellement je souhaitais juste mettre un terme à l'histoire de l'enseignante, mais cela fait rire toute la classe, l'enseignante décrète que nous perturbons la classe, elle change ma place avec Zaynab la voisine de Homa, Homa est connue pour son calme et sa discrétion.
Homa me parait joyeuse, elle fait une petite caresse sur le manche de mon manteau et me dit c'est chouette que tu sois là!
Je la regarde étonnée
Elle Continue, oui ça nous change de l'autre...
Je sens Mittra derrière moi qui se penche et dit oui c'est chouette!
Je jette un coup d'œil vers Mina qui me fait un grimace se tenant derrière Zaynab et montre des yeux le manteau de Zaynab! Je baisse les yeux et je remarque qu'elle a un chador autour de la taille, un détail que je n'avais jamais remarqué mais d'une grande importance, mais que fait elle ici dans un lycée au nord de Téhéran, réputé pour ces habitants mécréants et pas vraiment croyants?
Je comprends aux comportements de mes nouvelles voisines que Zaynab a déjà instauré sa petite dictature...
Zaynab est nouvelle dans la classe, je me souviens du premier jour lorsqu'elle s'est présentée, entendre le prénom Zaynab me fait rire, dans nos quartiers les prénoms sont à prédominance persan
ainsi elle s'était présentée en me regardant:
Je m'appelle Zaynab
Zaynab?!
Oui Zaynab, la fille de...
Ah t'es celle là !
J'avais souri et murmuré, peu importe toutes les deux ont trahi leur mari...
Mina m'avait donnée un coup de coude pour me faire taire...
 
Homa touche mon bras à nouveau pour attirer mon attention, elle ouvre un cahier et me présente chaque page qu'elle tourne avec délicatesse pour éviter le moindre bruit susceptible d'éveiller l'attention de l'enseignante, le cahier est rempli de dessins, hommes et femmes, des paysages, de style réaliste qui ne manque pas d'élégance, je suis impressionnée par son talent et je lui en fait part, elle est simplement heureuse de ce partage.
Homa est orpheline de père et vit avec sa mère,elle m'explique que dessiner lui apporte une bouffée d'aire et de la liberté, elle a entrepris chez elle un grand tableau où elle souhaite représenter le paradis, c'est un grand travail qui durera sûrement plusieurs mois. Je lui dis que je serai heureuse, un jour visiter son paradis.
Nous nous échangeons nos adresses, elle entoure mon prénom avec un grand cœur dans son cahier que je transforme en Mickey, elle en rit ... Je découvre donc une nouvelle Homa au travers de ses dessins, discrète sûrement mais aussi vive et libre.

La maman avait trouvé le cahier et mon et adresse était la dernière inscription de Homa, elle avait reconnu l'uniforme de mon lycée de loin et en s'approchant s'était souvenue de moi comme étant une camarade de classe de Homa.


Je sens de plus en plus le poids du corps de la maman, j'évite de justesse de la lâcher.
Ramine se précipite pour la prendre par les épaules et la tient fermement.
Il me fait signe d'ouvrir une porte derrière le comptoir.

Derrière la porte  se trouve un salon avec 4 télévisions , plusieurs lecteurs de cassette vidéo, des câbles parcourent le sol et dessinent des formes arabesques, un canapé et deux fauteuils, plusieurs chaises dispersées et une petite table éloignée du matériel hi-fi  où sont disposés un samavar, des tasses et biscuits...

Ramine installe la mère de Homa dans le canapé, lui sert un thé sucré et l'encourage à le boire
-Votre fille est peut être juste blessée où habitez-vous je vais appeler un médecin,
-Non, elle est morte, elle n'a plus de gorge, et son bras ....
Elle laisse sa phrase en suspens. Nous la voyons plonger dans l'abîme.

Je n'arrive pas à la croire, je refuse de la croire, est elle vraiment la mère de Homa? Je la regarde de près, sous ses traits tirés et les larmes qui ont fait couler le maquillage, je reconnais les yeux d'amandes et les pommettes hautes de Homa.
Ramine se lève et passe un coup de fil, j'ai dû mal à déceler la conversation, Ramine murmure et évoque des fiançailles refusés et la jeune fille gravement triste, non Il n'y a plus rien à faire, venez avec Dr Moussa et donne l'adresse où a eu lieu ces fiançailles ratées.

Je m'assois auprès d'elle silencieuse.

Jamshid et Dr Moussa arrivent quelques minutes plus tard qui m'ont parues une éternité, Jamshid nous demande de lui accorder quelques minutes seul avec la mère de Homa, nous attendons dans la boutique , Docteur Moussa avec qui je fais connaissance pour la première fois, est un homme grand et élancé, d'une peau un peu foncée évoquant les gens du sud, des yeux perçants et profonds, il nous explique qu'il a appelé quelques uns de ses connaissances dans l'armée qui les attendent devant la maison de Homa pour découvrir la scène de l'agression.
Jamshid sort de la pièce muni des clefs, il me demande de rester auprès de la mère encore un peu avant d'envoyer une personne qui pourra l'héberger et prendre soin d'elle.
Jamshid s'est porté garant de la mère de Homa auprès de l'autorité islamique, j'ai ainsi découvert une autre facette de ce régime islamique où la femme a toujours besoin d'un homme pour se faire représenter et valider ses dires, Jamshid l'a accompagnée durant cette épreuve en étant parfois seul à donner les explications sur le déroulement des faits.
Ils avaient trouvé la maison telle qu'elle avait décrit, en rentrant chez elle, elle avait déposé les courses alimentaires dans la cuisine, un plat à emporter encore sous emballage se trouvait sur la table, elle s'était dirigée vers le salon où elle avait déposé les autres courses, le tissu satin gris soigneusement emballé, les fils à coudre de couleur assorti et un magazine.
Elle avait senti un courant d'air et avait remarqué la porte du jardin ouverte et s'était étonnée de voir le foulard de Homa par terre, elle avait appelé sa fille sans obtenir de réponse, le sac à dos ouvert jonchait un peu plus loin coincé entre la porte du jardin et le mur du salon.
La mère était sortie dans le jardin et avait découvert toutes les roses du jardin découpées, éparpillées un peu partout, elle avait continué jusqu'à la cave où elle avait découvert la scène.
D'après l'enquête des militaires, Homa avait été agressée mortellement au moins par 3 personnes, probablement au moment où elle ouvrait la porte d'entrée ...
Elle a été assassinée sauvagement.

Le samedi suivant, la place de Homa était vide, mais Zaynab aussi manquait à l'appel, je n'ai pas fait attention au départ jusqu'à ce qu'on supprime définitivement la table de Homa et Zaynab. On nous avait fait part du décès de Homa et les précautions à prendre pour ne pas tomber dans le même piège, mais aucune explication ne nous a été formulée pour l'absence définitive de Zaynab.

Les jours et les semaines passèrent sans elle.

Depuis quelques jours mes nuits sont agitées, je rêves de Homa, dans mon premier rêve elle apparait de dos, je reconnais sa silhouette, je me dirige vers elle mais elle accélère ses pas,je l'appelle elle se retourne et me sourit mais elle ne s'arrête pas, j'essaie de l'attraper mais une foule m'empêche d'avancer, je la regarde et je ne veux la perdre des yeux jusqu'aux pieds des montagnes où elle grimpe sans s'essouffler, malgré ma ténacité je n'arrive pas à la rejoindre, elle arrive au sommet de la montagne et se retourne et me regarde avec un grand sourire, avec sa main droite elle me fait signe pour me saluer ou me dire au revoir, mais peu à peu elle se penche en arrière et j'ai peur qu'elle tombe dans le vide, je crie pour l'alerter mais elle ne m'entend pas et quelques instants d'après elle disparaît dans le vide, je me réveille en sueurs.
Dans mes autres rêves je la perçois se promener dans un parc au milieu des arbres ou alors je la vois pénétrer dans une boutique mais dès que je m'approche, la silhouette a déjà disparu...  


Devant la bibliothèque de Jamshid je cherche un livre, je remarque les bordures dorés d'un livre de couleur bleue marine, attirée par ce livre, ma main l'attrape tel un aimant. J'ouvre le livre et je découvre des dessins familiers d'un autre temps qu'une jeune fille aux yeux amandes me les avait présentés, Jamshid s'approche doucement, je le regarde souffle coupé, que fait ce cahier ici ? Tant de questions apparaissent dans mon regard qui fusent vers l'homme qui se tient devant moi.
Jamshid me fait signe de m'asseoir en me présentant un fauteuil.
Les premières pages présentent différentes parties du corps humain, les mains, les bras, les jambes avec les plans musculaires bien détaillés, jusqu'à ce que naissent des hommes et femmes, de toute évidence, Homa avait appris l'anatomie du corps humain avant de dessiner les corps dans leur intégralité.
-pourquoi tu as son cahier? Tout en sachant que ce cahier avait bien sa place dans la bibliothèque de Jamshid, mais qu'est-ce que cela représentait réellement pour lui?

Il m'explique que le jour de l'agression, la mère de Homa avait avec elle le cahier de Homa dans la vidéothèque, Jamshid avait demandé de consulter le cahier dans lequel elle avait trouvé mon nom et mon adresse, il avait de suite compris l'importance et la dangerosité de ce cahier, non pas parce que mon nom y figurait mais pour les dessins hommes et femmes nus, sous un régime islamique la condamnation est lourde, même à titre posthume, il avait donc proposé à la maman de lui confier le cahier et ne pas en faire mention.
En réalité le cahier de Homa se trouvait par terre au milieu du salon et c'était le premier signal  d'alerte pour la mère de Homa qui l'avait ramassé avant de trouver le corps de sa fille.
Une fois hors de sa maison après avoir vagabonder quelques minutes avait regardé  le cahier, voyant mon nom et adresse elle s'était naturellement dirigée vers mon domicile.
L'affaire terminée, elle avait déclaré à Jamshid qu'elle ne souhaitait pas récupérer ce cahier qui probablement avait causé la mort de sa fille ...

Je pense alors à Zaynab, avait elle vu ce cahier ? Ah sûrement, pourquoi sa disparition soudaine? Était elle une bassiji infiltrée ou à en devenir? elle avait le profil en tout cas, avait elle participé à cette agression mortelle? ...



L'Iran est déjà en guerre mais les islamistes  tuent le peuple, la cruauté gagne du terrain chaque jour, entre les bombes et la charia islamique, le peuple se soumet, les sourires s'effacent...
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