C'est fabuleux ! ( par Vincendix )

La fourmi et la cigale

La fourmi ayant bossé
Tout l’été,
Trouva sa maison noyée
Quand la pluie est arrivée ;
Une telle humidité,
Impossible à supporter.

Elle alla voir la cigale,
Tout au fond de son dédale.
-Puis-je me mettre à l’abri,
Dehors le temps est pourri,
Je te ferai le ménage,
Tu sais que j’ai du courage,
Quand reviendra la chaleur,
Que le temps sera meilleur,
Pour toi je ferai les courses,
Sans vouloir que tu débourses.
La cigale s’esclaffait,
Puis elle réfléchissait.
- Tu me feras la cuisine,
J’ai du lait, de la farine,
Sais-tu faire les gâteaux,
Les pizzas, les fricandeaux ?

C’est ainsi que la cigale,
Se rendait à la chorale,
Pendant que dame fourmi,
Faisait cuire le frichti,
Traquait partout la poussière,
Alimentait la chaudière.

Le prolétaire et ses enfants

Un pauvre salarié sentant sa mort prochaine,
Réunit ses enfants et leur dit sans façon :
-J’ai toujours travaillé et souvent à la peine,
Avant de m’en aller, écoutez ma leçon.

-N’allez pas vous tuer au travail à la chaîne,
A l’usine enfermés dans un triste atelier,
Evitez de bosser de semaine en semaine,
Dans le fond d’une mine ou sur un chalutier.

N’allez pas travailler pour un maigre salaire,
Dans le froid et le vent sur l’un de ces chantiers,
Refusez de trimer pour un propriétaire,
Il y a croyez-moi de bien meilleurs métiers.

Après l’enterrement, comprenant le message,
La fille et les deux fils quittèrent leur patron,
Et sans se fatiguer, se mettant au chômage,
Trouvèrent le moyen de gagner du pognon.

Le mièvre et l’assidu

Rien de sert de bosser, il faut naitre coiffé.
Le mièvre et l’assidu en sont un témoignage.
Le premier était sot, de bêtise truffé,
Mais il avait pourtant un réel avantage,
Son père était banquier.
L’autre n’avait pas cette chance,
Sa mère était servante et son père ouvrier,
Mais il était studieux, et depuis son enfance.

-Bosse mon pauvre ami, disait le fainéant.
Pendant les cours de maths, il rêvait à la plage,
Le français le barbait, le latin l’ennuyant,
Il sortait du lycée sans le moindre bagage.
Alors que l’assidu sans cesse potassait,
Appliqué, sérieux, travaillant sans relâche,
Connaissances, savoir, toujours il amassait
C’était pour tous les profs, l’exemplaire potache.

Le mièvre fut nommé adjoint au directeur
D’une entreprise financière,
Mais aussi administrateur,
D’une compagnie pétrolière.
L’assidu galérait dans de petits boulots,
Malgré ses qualités et son riche diplôme,
Jardinier, balayeur et gardien d’entrepôts,
Et même avitailleur sur un aérodrome.

Les frères marchands

Tous les deux héritiers d’un marchand de tissu,
Des frères dirigeaient chacun une boutique,
L’aîné n’était pas riche et le cadet cossu,
Pourtant ils avaient eu une part identique.

Le premier vendait des objets religieux,
Des bibles, des missels, des croix et des médailles,
Il avait pour clients, quelques hommes pieux,
Des curés, des pasteurs et toutes leurs ouailles.

Mais la foi n’avait plus sa puissance d’antan,
De saison en saison faiblissaient ses affaires,
Il voulait s’arrêter car son dernier bilan
N’était pas rassurant, plutôt déficitaire.

Le cadet plus malin vendait des pistolets,
Des fusils-mitrailleurs et de multiples armes,
Ses ventes annuelles atteignaient des sommets,
Et il se moquait bien de causer tant de larmes.

L’argent n’a pas d’odeur, aucune humanité,
Pour beaucoup de nantis, par le moindre scrupule,
Fi des codes d’honneur et de la dignité,
Ils sont acoquinés à la pire crapule.

Le cancre

A quoi bon s’imposer de trop longues études,
Apprendre des leçons et faire des devoirs,
Pourquoi se tracasser, tant de vicissitudes,
Afin d’accumuler des tonnes de savoirs.

Cet avis émanait d’un remarquable cancre,
Faisant le désespoir de son instituteur,
Ses cahiers maculés de grosses taches d’encre,
N’avaient que des zéros, c’était révélateur.

Ses copains s’escrimaient sur la géographie,
L’histoire, le français, les maths et le latin,
Mais ce crétin n’avait qu’une philosophie,
Gagner beaucoup d’argent avec son baratin.

Les autres galéraient malgré leurs beaux diplômes,
Dans la précarité, la recherche d’emploi,
Ils avaient travaillé depuis qu’ils étaient mômes,
Et ils se retrouvaient en complet désarroi.

Le cancre parvenait à se faire connaître,
Il avait adopté un ton provocateur,
Les médias lui donnaient le moyen de paraître,
En lui attribuant un titre évocateur.

Les bobos l’admiraient et malgré ses esclandres,
Il était devenu aussi puissant qu’un roi,
Il savait naviguer en suivant les méandres,
Et pourtant bien souvent il était hors-la-loi.

La mouche et le cocher

Dans un chemin pentu, raviné, caillouteux,
Brûlé par le soleil et sans un seul ombrage,
On voyait circuler un étrange équipage,
Un vieux coche tiré par six chevaux galeux.

Le cocher tout en noir poussait ses canassons,
Par de grands coups de fouet stimulait l’attelage,
Mais le moindre caillou souvent faisait barrage,
Et l’homme coléreux vomissait des jurons.

Le coche était chargé de malles, de paquets,
Il transportait ainsi beaucoup de marchandises,
Sur le toit se trouvaient de nombreuses valises,
Des ballots, des colis et même des coffrets.

Une mouche tournait autour du postillon,
Elle vint se poser sur un lobe d’oreille,
-Cocher accepterais-tu que je te conseille
Si tu veux parvenir en haut du raidillon ?

L’homme était réceptif, il n’avait plus le choix,
Il suivait les conseils de la fine mouchette,
En partie déchargeait sa trop lourde charrette.
Pour gravir le sommet, il faisait deux convois.

V.M.

La hyène au masque de colombe

Une hyène n’avait que de rares amis,
Son mauvais caractère était l’une des causes,
Ce déplaisant défaut avait été transmis
Par un père grincheux aux sentiments moroses.

Elle aurait tant voulu que des admirateurs,
Se prosternent à ses pieds en chantant des louanges,
Mais avec ses discours souvent provocateurs,
Elle attirait surtout des clans et des phalanges.

Puis elle comprenait que viendrait le succès
Si elle revêtait un masque de colombe,
Jouant de la prunelle et toujours sans excès,
Elle dissimulait dans son dos une bombe.

Si son nouvel aspect captivait les naïfs,
Il ne séduisait pas les personnes lucides,
Une hyène déguisée a des plans subversifs,
Qui peuvent générer des luttes fratricides.

Le combat des fats et des lopettes

Dans un pays les fats détenaient le pouvoir,
Ils avaient détrôné la tribu des lopettes,
Soumettant les sujets à certain bon vouloir,
Ils réduisaient la part de pain dans les assiettes.

C’était le déplaisir, le mécontentement,
Mais les fats se moquaient de tant de doléances,
Ils étaient installés bien confortablement,
Laissant aux citoyens, les ennuis, les nuisances.

Puis le peuple lassé voulait le changement,
Et en masse votait pour le clan des lopettes,
Dans le secret espoir tout naturellement,
D’avoir plus de boulot, de gagner des pépettes.

Mais voici qu’à nouveau surviennent les tourments,
La tribu au pouvoir oubliant ses promesses,
De très mauvaise foi, elle use d’arguments,
Pour justifier ainsi ses nombreuses faiblesses.

Les élus

Les élus de tous bords ont compris la musique,
Il est bien évident, l’électeur est un sot,
Il croit aux engagements de l’homme politique,
Menteur invétéré, habile camelot.

De Merlin l’enchanteur à la fée Carabosse,
Ce qu’il est convaincant le brillant candidat,
Il aspire surtout à rouler en carrosse,
A vivre dans le luxe aux dépens de l’Etat.

Il promet à chacun, le bonheur, la fortune,
Au clochard un abri, au chômeur un emploi,
Et ce bel orateur du haut de sa tribune,
Fait croire aux auditeurs qu’il va changer la loi.

Mais quand il est élu, il oublie ses promesses,
Jouissant à loisir de son brillant statut,
On le voit parader dans toutes les kermesses,
Boire du muscadet, manger du port-salut.

Il coupe des rubans, pose une première pierre,
Embrasse les marmots et sourit aux mamans,
Accompagne les morts jusqu’à leur cimetière,
Où il va déclamer des discours émouvants.

Il est compatissant mais ce n’est pas sincère,
Peu importe pour lui la veuve et l’orphelin,
Il ignore la faim, la soif et la misère,
Tant qu’il est dans le vent, tournera son moulin.

Le loup et les sots

Un loup, nommé Lupussimot,
Faisait des sots un tel carnage,
Qu’ils n’osaient plus dire un seul mot,
Craignant de finir en potage.
Ceux qui avaient tenu le coup,
Etaient de falots personnages,
Evitant de croiser le loup,
Et limitant leurs bavardages.
Un jour le loup le ventre plein,
Dormait étendu sous un chêne,
Les sots ayant un noir dessein,
Se réunirent dans une arène.
-C’est le moment d’en profiter,
L’ennemi est sans méfiance,
Nous allons le décapiter,
Et supprimer cette nuisance.
L’assemblée était bien d’accord,
-Nous allons lui couper la tête !
Seulement, il fallait d’abord,
Trouver le sot le moins bête.
-Qui accepte de l’affronter ?
Mais c’était soudain le silence,
On ne pouvait que constater,
Qu’aucun n’avait la compétence.
Les loups ont encor de beaux jours,
A demeurer dans l’opulence,
Autant que dans les alentours,
Ils n’auront pas de concurrence.

Le puissant et le soumis

Voyez mes chers amis, cette condescendance
Qu’affiche le tyran auteur de la souffrance,
Il feint d’être clément, sentiment déguisé,
Et le pauvre manant est ainsi abusé.

Sous des traits généreux se cache la bassesse,
De celui qui jouit d’une immense richesse,
La force de l’argent et celle du pouvoir,
Auront toujours raison de l’homme de devoir.

Le vil dominateur a choisi sa victime,
Ses sourires plaisants ne sont que de la frime,
Il cache dans son dos un harpon, un filet
L’homme ainsi capturé deviendra son jouet.

Pourquoi ce dictateur a pris de l’ascendance,
Sur un peuple soumis avec autant d’aisance ?
Aurait-il le soutien d’un diable ou bien d’un dieu,
Etait-il désigné pour régner sur ce lieu ?

Alors que des mortels vivent dans la misère,
D’autres à coup de fouet commandent la galère,
D’un côté le soumis, de l’autre le puissant,
Un fossé qui se creuse et toujours grandissant.

Le caméléon

Il avait fait son nom parmi les politiques,
Mais il aimait manger à tous les râteliers,
Capable de jouer d’innombrables musiques,
Ne se trouvant jamais dans ses petits souliers.

Il savait naviguer même dans les eaux troubles,
Profitait du courant, de la force du vent,
Il avait de l’ardeur, mettait les bouchées doubles,
Pour défendre une cause abominée avant.

Toujours dans le bon sens par des tours de passe-passe,
Il était adulé par tous les braves gens,
Plaisant aux électeurs avec son air bonasse,
Notre caméléon vivait à leurs dépens.

Combien de citoyens souvent tournent casaque,
Un jour vantant un roi, changeant le lendemain,
Le premier à crier haro sur le monarque,
Devenant d’un seul coup un vrai républicain.

Autruche et baudruche

Un être était si sot qu’il ne le savait pas,
Mais il avait pour lui une belle faconde,
C’était bien suffisant dans la plupart des cas,
Et il pouvait ainsi souvent tromper son monde.

Il se voyait déjà atteindre le sommet,
Il pouvait en rêver en voyant les sondages,
Pourtant il méritait de l’âne le bonnet,
Masquant son ignorance à coup de bavardages.

Il savait enjôler même les braves gens,
Les téléspectateurs trompés par son sourire,
Ses paroles étaient comme un euphorisant,
Mais sa philosophie était bien à proscrire.

Il prônait un retour aux marques du passé,
Un repli du pays au sein de ses frontières,
Il affirmait ainsi de son air compassé,
Qu’il faut se protéger d’invasions étrangères.

Il était ignorant de la réalité,
Dans ses réactions pareilles à l’autruche,
Il perdit son crédit et sa notoriété,
Et il se dégonfla, c’était une baudruche.

Le royaume ruiné

Il était un royaume en pleine décadence
Un trésor épuisé, des dettes sur le dos
Un homme de la cour, ministre des finances
Proposa de créer quelques nouveaux impôts

-Mais nous avons taxé les chevaux, les voitures
Les vaches et les chiens, les chats et les lapins
Les poules, les cochons, les pots de confiture-
Le roi se lamentait, arpentant ses jardins

-Nous pourrions imposer l’état de calvitie
Ceux qui en sont atteints, les jeunes et les vieux
Il est bien évident, font des économies
Et ils sont maintenant de plus en plus nombreux

Le Conseil approuva cette idée lumineuse
Mais avant de voter, messieurs les sénateurs
Remirent à l’honneur la perruque poudreuse
Pour échapper ainsi à l’impôt en vigueur

Les rédacteurs de lois ont la « bonne » habitude
De se mettre à l’abri avant de les voter
Et ils peuvent ainsi en toute quiétude
Contourner les décrets qu’ils viennent d'adopter

Les illusionnistes

Ils ont dans leur chapeau de superbes promesses,
Et font croire aux pékins qu’ils sont les plus malins,
Ils vont tout supprimer, vos ennuis, vos détresses,
Vous êtes endormis avec leur baratin.

De la gauche à la droite, ils ont la même école,
Celle des charlatans, de la duplicité.
Si vous pensez toucher, avec eux le pactole,
Sachez qu’ils sont les rois de l’incapacité.

La baisse des impôts, et celle du chômage,
Des salaires décents, c’est de la poudre aux yeux,
Ils vont vous promener sur un petit nuage,
Et vous allez gober leurs discours mielleux.

De la droite à la gauche, ils ont pour habitude,
De tromper l’électeur, de mentir sans remord,
Ces manipulateurs n’ont aucune aptitude,
Si ce n’est pour clamer leur parfait désaccord.

19 mais 2012

Le loup devenant bergère
Un vieux loup s’endormait le soir au fond des bois,
Il rêvait le vilain de devenir bergère,
Un regard lumineux et un joli minois,
Il aurait subjugué ainsi la France entière.

Il se voyait déjà, le chouchou des médias,
Qui lui accorderaient de longs temps de parole,
Il serait pomponné devant les caméras,
Des téléspectateurs il serait une idole.

Il pourrait approcher les brebis, les moutons,
Avec son baratin, les mettre en confiance,
Les gens en le voyant n’auraient plus de boutons,
Trompés par son aspect et sa fausse apparence.

Attirant dans ses rets la veuve et l’orphelin,
Faisant croire au chômeur qu’il est leur espérance,
Donnant l’illusion d’être au four, au moulin,
Il aurait du succès nonobstant sa nuisance.

Mais un loup reste un loup quand il cache ses dents,
Qu’il semble vertueux, souriant, débonnaire,
Le péril est réel, malheur aux imprudents,
Quoi de plus dangereux qu’une fausse bergère.